A la découverte de la communauté d’agglomération
Une communauté d’agglomération qui a pour nom « Mont Saint-Michel Normandie » et une association intitulée « Les Amis du Mont Saint-Michel » ne pouvaient que se rencontrer. Ce « grand sommet » eut lieu le samedi 18 octobre à la mairie d’Avranches. Ce fut l’occasion pour une vingtaine d’amis du Mont d’échanger avec David Nicolas qui leur a présenté l’ancrage historique et géographique de la communauté dont il est le président mais aussi ce qu’est cette communauté et ce qu’elle a mis en œuvre ces dernières années.
La communauté d’agglomération du Mont n’est pas sortie un beau matin d’un chapeau magique. Elle est la résultante de deux mille ans d’histoire. Son territoire actuel correspond en effet au pagus des Abrincates (tribu gauloise dont l’existence est attestée par l’écrivain romain Pline) mais aussi à l’évêché créé par l’Eglise à la fin du Ve siècle et au comté fondé vers 1015 par Robert d’Avranches. Un manuscrit du premier tiers du XVIIIe, le Pouillé du diocèse d’Avranches, atteste de cette continuité territoriale qui sera un peu plus tard à l’origine des chefs-lieux de canton. Une autre des forces de la communauté d’agglomération actuelle est son hydrographie. En effet, et ce n’est pas sans incidences tant économiques qu’écologiques, la plupart des cours d’eaux de la communauté ont leur source et leur embouchure dans le territoire de la communauté.
On pourrait penser que tout cela est anecdotique. Il suffit d’observer dans d’autres régions, pays ou continents, certains découpages administratifs totalement artificiels et donc amenant à des juxtapositions de populations incapables de se comprendre et de travailler ensemble pour prendre conscience que la communauté d’agglomération a là un formidable atout. Au-delà des différences politiques et idéologiques qui existent et qui ont toujours existé, « traversant les régimes politiques sans jamais perdre son identité profonde, le territoire n’a cessé de fonctionner comme une entité cohérente ».
Soit, mais concrètement comment cette cohérence se décline-t-elle ? « Par sa structure polycentrique. Contrairement au modèle dominant de la métropole qui concentre tous les moyens en un seul point au détriment d’un arrière-pays fragilisé, notre intercommunalité s’appuie sur un réseau équilibré de treize anciens chefs-lieux de canton. Avranches, Pontorson, Saint-James, Sartilly-Baie-Bocage, Ducey-Les Chéris, Brécey, Isigny-le-Buat, Saint-Hilaire-du-Harcouët, Juvigny-les-Vallées, Mortain-Bocage, Sourdeval, Barenton et Le Teilleul forment une armature territoriale qui assure une véritable proximité avec les habitants, chacune de ces anciennes centralités cantonales conservant ses services, son identité, sa dynamique propre, tout en participant à un projet commun. »

Treize anciens chefs-lieux de canton, 95 communes, 87 571 habitants, cette « véritable proximité » ne serait-elle pas un vœu pieux ? « Non car les communes sont représentées par 129 conseillers communautaires élus au suffrage universel direct qui se réunissent toutes les six semaines. Et, surtout, et c’est là une originalité majeure du fonctionnement de la communauté Mont Saint-Michel Normandie, ont été créées cinq commissions territoriales correspondant aux cinq pôles historiques du territoire : le pôle d’Avranches, le pôle du Val de Sée, le pôle de Pontorson/Saint-James, le pôle du Mortainais et le pôle de Saint-Hilaire-du-Harcouët. Ces commissions, présidées par des élus locaux, permettent de maintenir cette proximité essentielle avec les habitants et d’assurer un véritable service aux territoires. Elles constituent des lieux de concertation et de décision rapprochés, garantissant que les spécificités de chaque secteur soient prises en compte dans les politiques communautaires. »
La région, le canton, la commune… La communauté d’agglomération ne serait-elle pas la couche de trop d’un mille-feuille administratif devenu aussi lourd qu’indigeste ? Ne faudrait-il pas plutôt privilégier l’échelon de la commune ? « La communauté d’agglomération Mont Saint-Michel Normandie, c’est un budget global de près de 100 millions d’euros, presque 21 millions d’investissement, ce sont 860 agents. » Autrement dit, elle est moyen d’agir, elle permet d’optimiser les politiques publiques, elle est la concrétisation du bon vieil adage « l’union fait la force ». Dans le monde, toute seule, la France est bien peu sans l’Europe. Dans une région, toute seule, telle ou telle commune est bien peu sans sa communauté d’agglomération.
Cela se perçoit « dans des domaines aussi variés que la valorisation touristique du patrimoine, la gestion du réseau hydrographique, le développement de projets culturels, l’organisation des services publics, la transition écologique, les services à la personne, le développement économique et la santé. »

« L’Office de Tourisme anime un réseau de 800 partenaires et développe une offre qui valorise l’ensemble du territoire : le Mont Saint-Michel bien sûr, mais aussi les sites patrimoniaux d’Avranches, les cascades de Mortain, le bocage du Mortainais, les villages de caractère, les circuits cyclo-touristiques comme la Véloscénie, etc. Le travail fourni a d’ailleurs été récemment honoré par l’obtention du label Green Destinations (Award d’argent) qui récompense le tourisme durable.
La communauté d’agglomération a aussi la charge de la Gestion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations. « Tout en s’assurant de la préservation de la qualité des eaux de baignade sur les plages de Saint-Jean-le-Thomas et Dragey-Ronthon et en mettant en place des études hydrauliques sur la Sélune, la Sée et leurs affluents, ainsi qu’une analyse prospective des risques de remontée de nappe phréatique liés au changement climatique, la communauté d’agglomération a restauré, en 2024, 14 kilomètres de cours d’eau, supprimé 12 ouvrages hydrauliques pour rétablir la continuité écologique, et planté 10,2 kilomètres de haies sur talus ainsi que 4,5 kilomètres de haies à plat ».
Et la politique culturelle ? « Elle s’articule autour de cinq grands services : le spectacle vivant, la lecture publique, les enseignements artistiques, les espaces publics numériques, et le patrimoine-musées. Un réseau de 19 médiathèques dessert l’ensemble du territoire, plus de 8000 emprunteurs y sont inscrits. Le maillage proposé se veut une illustration du modèle polycentrique évoqué un peu plus haut : plutôt qu’une seule grande médiathèque, a été fait le choix d’un réseau de proximité mettant la culture à la portée de tous les habitants. De même, c’est sur sept sites que sont accueillis les 1 425 élèves et les trente disciplines différentes de l’Ecole des arts et plutôt qu’une grande salle de spectacle construite à Avranches, les 45 spectacles de la saison culturelle ont été volontairement répartis sur 16 communes différentes. Une telle politique a valu à la communauté d’agglomération l’obtention du label Pays d’Art et d’Histoire ».
La transition écologique est aussi un point d’attention crucial de la communauté d’agglomération. Elle est d’ailleurs en train d’élaborer un plan Climat Air Énergie Territorial « comportant cinq axes majeurs : la transition des mobilités, la sobriété du bâti, un aménagement résilient, le développement des énergies renouvelables, et la gestion durable des ressources ». Vient également d’entrer en phase opérationnelle un Projet Alimentaire Territorial qui « vise à structurer les filières alimentaires locales de qualité, préserver les espaces agricoles et la biodiversité de la Baie, lutter contre le gaspillage alimentaire et rendre une alimentation de qualité accessible à tous. » Ajoutons que « 70 agents assurent la collecte et le traitement de 57 488 tonnes de déchets avec un taux de valorisation de 67%. Parallèlement, le déploiement du compostage individuel et collectif se poursuit : 539 tonnes de biodéchets ont été détournées de l’enfouissement grâce à la vente de 1 464 composteurs individuels et la mise en service de 45 sites de compostage partagé ».

Les services à la personne ne sont pas en reste, la communauté d’agglomération gère cinq crèches, neuf antennes du Relais Petite enfance, un réseau de 410 assistant(e)s maternel(le)s, 15 accueils de loisirs extrascolaires, 19 accueils périscolaires en gestion directe et 8 accueils en gestion associative. Autrement dit, en 2024, ce sont 6 313 jeunes qui ont été accueillis. Le centre communautaire du Mortainais a quant à lui mis en place une centaine d’activités et de services, et a développé des actions innovantes comme le dispositif « Rezo Pouce » d’autostop organisé, qui sera déployé en 2025 sur d’autres secteurs du territoire. »
Pendant ce temps, la direction du développement économique n’a pas chômé pour renforcer l’attractivité du territoire. « Elle a organisé la 2ème édition du salon « Les métiers en tournée » à Saint-James, en partenariat avec l’Agence Régionale de l’Orientation et des Métiers, ainsi que la 3ème édition du job dating saisonnier à Avranches, en collaboration avec l’EPIC Tourisme. Le dispositif d’Opération Collective de Modernisation a, lui, soutenu 25 entreprises. Quatre projets ont bénéficié du Fonds d’Aide à l’Installation TPE/PME du Département. La communauté a également accompagné les entreprises en aidant l’association Initiative Baie du Mont Saint-Michel, qui apporte des financements aux créateurs et repreneurs d’entreprises ainsi qu’un parrainage par des chefs d’entreprises expérimentés. La Communauté gère aussi plusieurs zones d’activités réparties sur l’ensemble du territoire et travaille, dans le cadre de la révision du Schéma de Cohérence Territoriale à l’identification des secteurs prioritaires pour le développement futur de ces zones. »
Enfin, le Contrat Local de Santé structure l’action de la communauté autour de trois axes : la prévention en santé, l’organisation des services et l’attractivité territoriale pour les professionnels de santé. Des professionnels et élus ont été formés aux Premiers Secours en Santé Mentale. Quinze structures petite-enfance et enfance ont participé au « Printemps dentaire ». Une antenne de la Maison Sport Santé a ouvert à Avranches et plusieurs actions ont été mises en place pour attirer et retenir les professionnels de santé : un speed-meeting de la santé à Saint-Martin-de-Landelles, l’accueil d’une petite soixantaine d’internes en médecine et la transformation d’un gîte du Petit-Celland en Hébergement Territorial des Étudiants de Santé. A cela, il faudrait ajouter que la communauté d’agglomération gère cinq Pôles de Santé Libéraux Ambulatoires à Ducey-les-Chéris, Saint-James, Sartilly-Baie-et-Bocage, Pontorson, et trois maisons médicales à Barenton, Brécey et Saint-Martin-de-Landelles.
Pas si mal…
