XVIIe siècle

François Feuardent, Histoire de la fondation de l’église et abbaïe du Mont S. Michel, (1604)
Marin Mersenne, Correspondance avec Monsieur de Peiresc, (1634)
Jean Huynes, Histoire Générale de l’abbaye du Mont-St-Michel au peril de la mer (1638)
A. Le Michel, « Apud Sanctum Michaelem in Periculo Maris » (1639)
A Le Michel, « Catalogus librorum bibliothecae Sancti Michaelis antiquae quos est certum non esse impressos vel esse dubios » (1639)
A. Le Michel, P. Oudin, « Catalogus librorum manuscriptorum bibliothecae Sancti Michaelis in periculo maris » (1639)
Thomas Le Roy, Livre des curieuses recherches du Mont-Sainct-Michel (1648)
François Senault, La vie de madame Catherine de Montholon, veuve de monsieur de Sanzelles, maistre des requestes, et fondatrice des Ursulines de Dijon (1653)
Jean Regnault de Segrais, Les Nouvelles françaises ou Les divertissements de la princesse Aurélie(1657)
Augustin Moynet, « Vitae Sanctorum quae extant in libris manuscriptis bibliothecae monasterii Sancti Michaelis de Tumba » (1660)
Lettre d’un conseiller du parlement de Paris (3 novembre 1661)
Charles Cotin Œuvres galantes en prose et en vers (1663)
Louis de Camps, Histoire de la célèbre abbaye du Mont Saint-Michel au péril de la mer (1664)

Jean-Robert Quatremaire, L’Histoire abbregée du Mont St. Michel en Normandie (1668)
Estienne Jobart, Histoire Générale de l’abbaye du Mont-St-Michel au péril de la mer (1669)
A. Saint-Oprez, « Catalogue des livres manuscris apartenans a l’abbaye du Mont Sainct-Michel au peril de la mer (1670-1671)
J. B. de La Grange, Traité des éléments et des météores, contre les nouveaux philosophes Descartes, Rohault, Gassendi (1679)
Madame de Sévigné, Correspondance (1689)
Jean Mabillon, Traité des études monastiques, (1691)

Pierre Thomas Sieur du Fossé, Mémoires (1691)
Bayle, Dictionaire historique et critique (1697)


François Feuardent, Histoire de la fondation de l’église et abbaïe du Mont S. Michel près celui de Tombe, et des miracles, reliques, et indulgences donnez en icelle (1604)

Le franciscain et docteur de l’Université François Feuardent est surtout connu pour ses prédications enflammées contre les calvinistes. Le natif de Coutances qu’il était ne s’en intéressa pas moins au Mont Saint-Michel puisque dans un ouvrage d’une cinquantaine de pages, il synthétisa ce que l’on savait à l’époque sur le site. Fidèle à ses idées, il met en valeur ce que les protestants rejettent : le culte des saints, les reliques, les indulgences et les miracles.

Histoire de la fondation de l’Eglise, & monastere du mont S. Michel, pres le Mont de Tombelaine.
Anciennement ce Rocher estoit vne montaigne, toute enuironnee de bois & forests, viron six lieuës en long & de quatre enlarge, d’vn costé ioignant à terre ferme, & d’autre à la Mer Oceane : & i demeuroient certains bons & deuots Hermites servans à Dieu en toute foi & pieté. Leur nourriture & viure leur estoit enuoié par le Curé d’vne paroisse nommee à present Beauuoir, lors qu’en leur necessité, Dieu faisoit apparoistre vn signe visible & manifeste sus le logis de ces bonnes gens. Le porteur estoit un asne accoustumé à faire ce seruice : le quel vne fois rencontré, fut deuoré par vn loup, lequel par mesme pussance & prouidence diuine fut contraint faire le mesme office, que iadis les corbeaux repeurent Elie au desert, les ours reuengerent Elisee pres de Bethel, & deux lions aiderent au grand s. Antoine à faire la fosse & sepulture de S. Pol premier Hermite : toutes creatures obeissantes ainsi au vouloir du Createur qui les à faites pour le seruice de l’homme. Viron l’an sept cens 8. ou 9. apres l’incarnation du sauueur de ce monde, il pleust à Dieu, que le prince de ses Anges, & gendarmerie celeste, ancien protecteur de la Synagogue Hebraique, comme à present de l’Eglise Catholique, vainqueur du dragon & vieil serpent, & conducteur des sainctes ames, S. Michel, fust honoré en ce lieu, & partie d’Occident, comme au mont de Gargan vers l’Orient. Pour quoi non ? veu que les Patriarches & Prophetes Abraham, Lot, Iacob, Iosué, David, Daniel, Zacharie, l’vn & l’autre Tobie, ont saintement honoré les Anges, se prosternans deuant eux. Au sus dit an donc (ainsi que testifient, Beda, Sigebertus, wernerus, & Gaguinus graues & fideles autheurs) le dit Archanges S. Michel s’apparut à S. Autbert lors Euesque d’Auranches, lui dist, qu’il estoit, & manifesta que DIEV vouloit que vne Eglise fust bastie au dict mont, consacrée en son non, & memoire du dit Archange. Le S. Euesque ne croiant de leger à tout esprit, differa sagement cest affaire : par quoi l’Ange secondement lui apparut, & lui dist comme deuant. Ce venerable & discret pasteur voulant esprouuer si telle vision & reuelacion estoit de Dieu, ou non : differe encor iusques à la troisiesme apparition, en la quelle l’Ange le reprenant de tardiueté à croire & obeir, le toucha comme du doigt en la teste, & fist vn pertuis au test d’icelle, qui encor auiourdhui i apparoist, en perpetuel & aseuré tesmoignage de verité. Ce que n’est moins facile à faire & à croire, que les Anges auoir chassé Adam & Eue du Paradis terrestre, tancee Agar, deliuré Isaac de l’espee de son pere, Lot de Sodome en aueuglant les infideles, Daniel & ses compagnons des flammes & des lions, menacé Moïse de le tailler en pieces, deliuré Ierusalem de la peste, S. Pierre & S. Iean des prisons Iudaicques ; & fait autres infinis miracles à la gloire de Dieu, & fauueur de ses seruiteurs.
Ce saint Euesque reuelan ces visions & commandemens Angeliques, & montrant le signe en sa teste, à ses Chanoines, & autres venerables gens d’Eglises, s’en alla auec eux, plusieurs du peuple, & multitude d’ouuriers voir la place, couper de la montaigne & preparer lieu au sommet d’icelle pour edifier vne Eglise, comme il lui auoit ordonné : le sus dit Archange par plusieurs reuelations l’enseignant en toutes ses doutes, & lui monstrant par signes, en quelle place, grandeur, & maniere il la deuoit bastir. Entre autres fut, que le coupeau de ce mont estoit occupé par deux grans rochers, des quels l’vn principalement ne pouuoit estre remué, ne applani par aucune force humaine : S. Michel commanda à l’Euesque, d’enuoier querir vn petit enfant, tenu encor au berceau, fils d’vn nommé Baïn, demeureant pres de la, appuier le pied du dit enfant contre le rocher. Ce qu’estant fait, le vestige du pied s’engrauant premier dans le Roc, ou encore apparoist, le fist trebucher du haut en bas.
Le fils de Dieu à-il pas promis, que ceux qui croiront en lui feront tels miracles qu’il faisoit : voire encor de plus grans ? Et que sils disent à vne montaigne : oste toi d’ici, & saute en la mer ; il aduiendra ainsi ? Cela à-il pas esté pratiqué par saint Gregoire de Neocaesaree ?
Le second miracle ou signe fut, en ce que saint Autbert voiant qu’il n’i auoit point d’eau douce, necessaire à ceus qui habiteroient en ce lieu, en tel affaire inuocant l’aide de l’Archange, il lui monstra vne place, en la quelle le saint home frappant de son baston, Dieu en fist sortir vne belle fontaine d’eau viue pour l’vsage des humains, mesmement lui donnant vertu medicale contre plusieurs maladies.
Se moquent de ceci les athees, incredules, ennemis des miracles, & renieurs de l’infinie puissance de Dieu : au contraire, tous bons Chrestiens & fideles, honorans Dieu & l’admirans en ses euuvres, le croiront aussi facilement, que d’auoir fait vne femme vivante de la coste de l’home, tourné eau en sang, sang en eau ; verge en serpent, & serpent en verge : fait reiallir viues eaues d’vne machoire d’asne, & d’vn dur rocher, &c.
Saint Autbert fort triste qu’il n’auoit aucunes marques & enseignes visibles de ce S. Archange, pour laisser en memorial en ce lieu, le mesme S. Michel lui apparut, & commanda, enuoier messagers fideles au mont de Gargan, demander aux Chanoines de l’Eglise la bastie en sa mémoire, partie du poisle ou drap vermeil, que le dit Ange i auoit apporté, & partie du marbre sus le quel il s’estoit assis. Ce que l’Euesque fist diligemment, & les messagers recitans ce qu’estoit aduenu, les Chanoines de Gargan les creurent, & volontairement leurs baillerent les dits ioyaux. Les apportans reueremment, par l’attouchement d’iceux en leur retour furent en diuers lieux gueris & illuminez douze aueugles. Arriuez pres du lieu, vne ancienne, & aueugle femme, issant de son logis, par deuotion les voulant suiuvre soudain receut la veuë : en mémoire du quel miracle, le village fut nommé Beauuoir, qui au parauant estoit appelé Austeriat. Tels miracles ont-ils pas esté aussi faciles à faire de Dieu par son S. Archange, que par la verge ou houllette de Moyse faire tant de merueilles en Egypte, en la mer, & aux deserts d’Arabie ? Par l’arche du vieil Testament, en Iericho, au Iordain, entre les Palestins, & Bethsamites ? Par le manteau d’Elie sus le fleuue : & par les os d’Elisee resusciter vn mort ? Par la piscine aux ouailles, guerir toute maladie ? Par le lauoir de Siloë, illuminer vn aueugle des sa naissance ? Par l’ombre de S. Pierre, guérir tou malades : & par les linges de S. Paul, chasser les esprits malins des corps humains ? Par les reliques de S. Estienne & les fleurs qui seulement i auoient touché, faire tant d’illustres miracles, que recite le bien-heureux S. Augustin ?
Faut aussi entendre, que pendant le voiage des susdits messagers, qui fut par l’espace d’vn an, Dieu par ses merueilles fist que la mer gaigna toute la forest, complanit le bois, & reduit en beau sable & greue, ce qu’estoit à l’entour de ce Rocher, & mont appelé Tombelaine, comme on le void encor de present. Les Messagers qui auoient laissé le dit lieu en forest, arriuez le saizième iour d’Octobre, & le voians en greue, cuidoient estre entrez en nouueau monde : Mais en fin asseurez des merueilles de Dieu faits en ce lieu, rendirent les ioïaux entre les mains de saint Aubert, le quel auec son Clergé, & gens de tou estats, s’assemblerent pour dedier ceste Eglise. Mais trouuans par marques sensibles, que l’Ange l’auoit dediee, cesserent : & auec grande ioye & solennité y poserent & laisserent les susdits ioïaux apportez du mont de Gargan : & au lieu des Hermites, l’Euesque i mist 12 Chanoines, pour i faire seruice à Dieu, en memoire de S. Michel, & leur assigna rentes & reuenus, des quels ils peussent honnestement viure. Et en mémoire de la susdicte Dedicasse Angelique, miracles faits à l’entour, au venir, & reception des ioïaux apportez du Leuant en ce lieu Occidental, & mont saint Michel, ordonna le dit Euesque, que Feste & solennité i seroit faite tous les ans, le saizième d’Octobre : & donna plusieurs pardons & indulgences à perpetuité, à ceus qui deuotement le visiteroient, en adorant Dieu, honorant & priant S. Michel, & tous les bienheureux Anges de Paradis, aux quels il à donné commandement de nous garder en toutes nos voies, & s’emploier aux afaires de nostre salut. Au quel, comme l’Euangil testifie, ils sont tant affectionnez, qu’ils sont tresgrande feste & ioie au ciels pour vn pecheur conuerti à penitence, & de terre conduisent nos ames sorties des corps en lieu de ioie & de consolation : par quoi ceux qui depriseront l’aide & secours de ces bons Esprits, seront à jamais bannis & tourmentez auec les malins.
En l’an 9 cens 66 Richard premier Duc de Normandie, accompagné de l’Archeuesque de Rouën, & de l’Euesque d’Auranches, par permission du Pape Iean, & de Lothaire Roi de France, donna congé aux Chanoines, & mist en leur lieu des Religieux obseruateurs de la regle & institution de S. Benoist : aux quels il confirma tout ce que les dits Chanoines possedoient : voire & l’augmenta de plusieurs autres rentes, & priuileges, qu’il fist approuuer & confirmer par les Papes & Rois sus nommez.
En l’an mil 24, Richard second Duc de Normandie, & Hildebert Abbé de ce monastère, commencerent à faire bastir l’Eglise de ce lieu en la manière quelle est à present.
En l’an mil 48, Raoul Abbé gouuernant ce lieu furent faits les quatre piliers, & arc, de la grande tour de l’Eglise.
Durant l’Abbé Ranulphus, qui commença à gouuerner en lan mil 60 fut commencee la nef de l’Eglise le pourmener, & sepulture des Moines, la closture ancienne de ceste Abbaie & autres edifices, qui depuis ont esté changez en autre manière, comme il apparoist de present.
En l’an mil cent quatre vingts & onze, Iordain Abbé commença à gouuerner le monastere, & fut fait en son viuant le Dortoir, la closture du refectoir, le cloistre, & le celier.
Sous trois Abbez après lui, qui presiderent en ce lieu l’espace de 24 ans, plusieurs autres edifices furent adioutez. Et Richard Toutain Abbé leur successeur, commença le Chapitre fist faire de belles chaires & les murs d’enuiron l’Eglise.
En l’an mil trois cents quatre vingts & six, Pierre Abbé fist faire la porte de ceste Abbaie, & tout le costé de deuant la ville, excepté le lieu nommé sainte Catherine, qui auoit esté fait sous son predecesseur.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k834295/f4

De l’Escu & Espée dits de S. Michel. montrez en ce lieu.

En ceste Eglise du mont s. Michel, dit, du peril de la mer, &, mont de Tombe, sont gardez vn Escu & vne Espee, non propres aux combats humains, car ils sont petits, & de matiere d’airain : l’Escu en forme d’oualle, garni de petites croix es quatre parties, l’Espee aiant forme de petite Dague, ou Poignard : & sont monstrez aux deuots Pelerins qui visitent ce lieu, mémoire d’aucuns merueilles faits pas S. Michel, en la defence & consolation des humains. C’est, qu’incontinent apres la Dedicasse de cest Eglise, homes honorables venu d’vn païs outre Angleterre (on pense d’Irlande, dite, Hibernie) aborderent en ce lieu, & i apporterent ces armes & enseignes. Dirent & affermerent publiquement, qu’en leur païs, sou le regne d’Elga leur Prince, auoit vn grand & horrible serpent, herissé de poil comme d’espees, rempli de venin mortifere & vomissant auec ses sifflemens tel poison, qu’il brusloit les herbes, embrasoit les arbres, gastoit les bestes, faisoit mourir les humains, par sa puante haleine infectoit l’air que nou aspirons, & rendoit le pais desert & inhabitable. Se retiroit souuent pres vne belle & clere fonteine, commencement d’vne riuiere qu’il empoisonnoit de telle contagion que bestes brutes ou humains n’en pouuoient vser sans euident peril de mort soudaine. Donc pour les miseres & necessitez ou se trouuoient reduits les habitans & voisins de ce fleuue, n’aians autres moiens pour leur garantir, eurent recours à l’aide de Dieu & par le conseil de leur Euesque, saint & religieus Pasteur, iusnerent & prierent par trois iours, donnerent grandes aumosnes, requerans l’aide celeste par la misericorde de Dieu, contre si funeste dragon. Lors fut commandé à 10 homes prendre les armes, & aller d’vn grand courage assaillir la furieuse beste, s’ils pouuoient la chasser ou faire mourir. S’assemblèrent donc en vn grand matin, marcherent en bataille, se confians plus au secours Divin, qu’en toutes leurs armes & forces humaines. Les gens d’Eglise alloient deuant, portans Croix Bannières, Luminaires, Reliques, & faisans affectueusement Oraisons : les Laiques suiuoient auec lances, piques, iauelots, néantmoins creintifs & espouuantez de la fureur de ce serpent diabolic, trouuans la region ou il hantoit toute seiche & brulee. Arriuez pres de son repaire, la virent gisante par terre d’vne grandeur effroiable, & pensans quelle dormoit, se deffians d’eux mesmes d’outoient lassaillir : mais se confians en Dieu, lui ietterent vne gresle de traits & de flesches, auec cris & hurlemens espouuantables. Le dragon demeurant immobile & sans se remuer, les insulaires s’en approchent, & le trouuent tout froid & roide mort, le tranchent en mille pieces. S’estonnans de telle mort, auisent entre ses pieds le petit Bouclier, & la petite Espee qu’ils apporroient, ne pouuans s’imaginer, qui auoit mis à mort tel puissant aduersaire, & par armes tant imbecilles & impropres à tel office. Remercians Dieu de telle victoire, & lui supplient reueller l’autheur de tel euuvre, pour luy en scavoir gré.
Surtout le saint Euesque prosterné en terre, qu’il baignoit de larmes & pe […] oit le ciel de clameurs & prieres, eut apparition de S. Michel, qui lui dist. Ie suis Michel Archange, tousiours assistant deuant Dieu, pour le bien & deffence des humains. Saches que i’ai tué cete beste, que pour leur foiblesse & imperfection ils n’eussent peu vaincre. Ces armes (Bouclier & Espée) sont nostres : non pas du’eussions besoin d’icelles à tel effet, mais les auons apportees & laissees en la place, affin que les humains par telles armes terriennes & visibles, apprehendent & croient la force & puissance spirituelle & inuisible, qui nous est donnée de Dieu, pour les deffendre des ennemis visibles & inuisibles. Donc louez Dieu incessamment qui par notre ministère inuisible vous à deliurez de vostre ennemi visible. Et toi, Euesque enuoie par messagers expreste nos enseignes sur la montaigne d’outremer […] afin que les habitans d’icelle […]. L’euesque annonçea fidelement au peuple la responce de l’Archange, & le commandement d’enuoier outre mer les deux petites enseignes d’armes, esleut quatre Anciens du territoire leur commanda d’accomplir la charge, & leur enseigna ce qu’ils deuoient faire. La mer passee, & descendu en terre, s’efforçoient d’aller au mont de Gargan en Italie, ignorans encor ce que n’agueres estoit aduenu en Normandie. Ils se misrent en chemin, mais ils trauailloient en vain, car au matin ils se retrouuoient au lieu d’ou ils estoient partis le iour precedent. S’admirans disoient ensemble, quelle choze est ceci ? Pour quoi trauaillons nous en vain ? Nous auons ia passé plusieurs iours allans au mont S. Michel en Gargan, & n’exploitons rien. Nostre. Euesque pour vrai nous à commandé d’aller au mont Saint Michel, sans determiner ce que nous determinons. Nous auons passé par vne montaigne qu’à present on apele mont saint Michel : possible seroit ce celle ou nous deuons rendre les enseignes que nous portons. Recommandons nous au conseil & auis de celui qui à deliuré nostre region du serpent, esperans qu’il ne nous faillira. Apres les prières s’endormirent, & viron minuict s’apparut à eux vne grande lumiere, de laquelle procedoit ceste parole. Vostre voiage doit estre au mont S. Michel appelé mont de Tombe, lieu nouuellement dedié à nostre mémoire. Combien que nostre commune habitation soit es çiels, si est-ce que souuent nous visitons en terre les lieux & personnes qui nous sont commandez par le Createur de touls, & specialement eux qui requierent nostre aide. Iceluylieu est aggreable à Dieu, & frequenté de nous, car son nom i-est, & sera invocqué & glorifié, par seruice qui lui est plaisant & aggreable. Et incontinent cessa la lumiere & la voix du parlant. Les messagers ioieux au possible de cest aduertissement, reprindrent leur voie au dit mont de Tombe, ou en briefs iours ils arriuerent, offrirent le susdit Escu, & petite Espee, & par bon ordre reciterent tout ce quil leur estoit auenu, confirmans par hauts sermens, le tout estre véritable. Les enseignes donc i furent receuës en reuerence & gardees iusques à present, & sont montrez aux Pelerins, en mémoire du saint Archange, qui à combatu le vieil Serpent & dragon inuisible ; ainsi que saint IEAN Apostre d’escrit fidelement en son Apocalypse.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k834295/f27

INDULGENCES donnees par plusieurs Papes successeurs de S. Pierre à tous ceux qui en estat de grace visiteront l’Eglise du mont S. Michel au peril de la mer.

Alexandre quatrième à donné cent iours de Pardon à ceux qui visiteront l’Eglise de ce lieu, le iour de la Resurrection de nostre Seigneur. Ian 22ieme cent iours.
Vrbain cinquième vn an & quarante iours.
Item en chacun iour des Octaues de la dite Resurrection, cent iours, par le susdit Alexandre.
Le dit Pape Iean quarante iours.
Item chacun iour d’apres les dictes Octaues isuques à l’Ascension, le dit Pape Alexandre cent iours.
Le iour de l’Ascension le mesme Alexandre cent iours. […]
La somme des pardons dessus dits est par chacun an, quarante & trois ans quatre vingts iours, de remission & indulgence des peines temporelles deuës au reliqua des pechez, les quelles peines faudroit endurer en ce monde ou en l’autre.
[…]
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k834295/f42

Quelques Miracles faits au dit lieu, testifiez par authorité publique.

Le samedi quatrieme en Mai, mil cinq cens soixante, fut amenee en ce lieu vne ieune fille nommee Thomasse Georges, de la parroisse de S. Siluin, pais de Caux, conduite par Nicolas Barbe, & Pierre Mahieu ses parens, la quelle auoit esté plusieurs fois vexee tant de nuict que de iour par vn esprit inuisible. Le quel au 24 d’Auril s’apparut à icelle lui disant, ie suis l’esprit de ton pere, qui te commande accomplir vn voiage au mont S. Michel que iauois promis, & non accompli pour asseurance de quoi, ie te ferme la main & les doigts, que ne pourras ouurir, que n’aie pas fait le dit voiage. La sage fille alla diligemment declarer ce que dessus, & demander conseil à venerable prestre maistre Nicole le Gros Vicaire de la dite paroisse, qui fut d’aduis qu’elle accomplist deuotement ce voiage, & lui donna lettre testimoniale pour asseuré ce tant par les chemins, qu’au dit mont S. Michel. Arriuée au lieu, main estroitement fermee, recita tout ce que dessus & comme elle faisoit dire Messe, le prestre faisant la dernière eleuation du corps de notre Seigneur, la main lui fust ouuerte autant facilement, que si elle n’auoit oncques ésté fermee.
Signé S. Preuost.
Le 26 en Septembre, 1586, Iean Corio, de la ville de Quintin en Bretaigne, aiant vn fils nommé Iaques frappé de telle maladie, que par l’espace de trois semaines ne pouuoit aucunement parler ne marcher fist veu de l’amener en ce lieu, ce qu’estant fait, par la puissance de Dieu, & intercession du S. Archange, fut incontinent gueri. S’en retournant parlant & cheminant ainsi qu’au precedent.
Signé, Payen.
Le 20 en Ianuier 1594, fut conduite en ce lieu Guillomine femme de Iean le Red de la parroisse de Cancalle, Duché de Bretaigne, la quelle estoit possedee du diable, i auoit vn an entier. Apres auoir esté confessee, absolue, & exorcisee par maistre Iacques Payé Promoteur de l’Abbaie, fut à pur & à plain guerie & deliuree comme si iamais elle n’auoit esté possedee.
Signé Payen.
Le 14 en Iuillet, 1594. Iean Tolleuast fils Iacques, de la parroisse de s. Malo de Carneuille, Diocese de Coustances, fut amené par sa mere, son frere et vn sien cousin en ce lieu, lié, emmenoté, & horriblement tourmenté d’vn malin esprit, l’espace de six semaines. Confessé & exorcisé par ledit Promoteur fut totalement deliuré, laisant les menottes attachees deuant l’image S. Michel. Le tout fait es présence d’honorables & religieuses personnes, frere Iean de Grimouuille, prieur claustral ; f. Gille de Verdun Chantre ; f. Oliuier Bardoul, Prieur de S. Brola ; f. Charles de s. Paer Sou-chantre ; & Rollant Liger prieur de Chauzai, tou Religieux, […] de la dite Abbaie & montaigne. Outre de me Pierre Roulsel, […] Pierre Herpin, Soudiacre : & autres. Signé, Payen.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k834295/f51

Marin Mersenne, Correspondance avec Monsieur de Peiresc (1634)

Marin Mersenne était un religieux appartenant à l’ordre des Minimes. Erudit reconnu, il a entre autres travaillé sur les lois de l’acoustique et la chute des corps. Le scientifique qu’il était ne pouvait être qu’intéressé par le phénomène des marées et par l’ampleur de celles de la baie du mont Saint-Michel.

« A Monsieur de Peiresc, Conseiller au parlement d’Aix, à Aix. »
Monsieur
Puisque vous me tesmoignez que mes lettres ne vous sont pas desagreables, je prendray maintenant la hardiesse de vous escrire plus souvent, non seulement quand j’auray receu de vos nouuelles, mais aussi à toutes les fois que j’auray quelque chose de nouueau, comme maintenant que l’on m’a enuoyé une grosse pierre de Poitiers, qui n’est point poreuse et qui nage sur l’eau […]
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k415352t/f231

  […] Or, Monsieur, puisque vous prenez si grande part en mon pauvre petit ouvrage je vous prie de consulter avec les plus subtils quel moyen il y a de mesurer la force du son comme l’on mesure son aigu et son grave. Je sçay que l’on peut s’eloigner de 10, de 100, de 1,000 pas, etc. affin d’experimenter de combien l’un s’entend de plus loin que l’autre, mais outre que cela est fort sujet à caution, cela est trop penible, et il faut une mesure facile et prompte à la main comme est le monochorde pour l’aigu. Semblablement d’où peut venir la force des paroles qui retiennent les chevaux, ou qui guarissent les maladies, comme a fait depuis peu un prestre un flux de sang par de certains mots que 3 medecins n’auoient pu guérir. Car de rapporter cela au pacte avec le diable, ceux qui les prononcent renoncent à toute sorte de part tant implicite qu’explicite.
Si vous sçaviez l’industrie dont Mr de Bené, d’Arles, muet naturel avoit appris à lire et à escrire [si bien] qu’il a lait l’histoire d’Arles et comme un Benedictin dont F. Valesrus fait mention dans sa sacrée philosophie apprenoit à parler aux muets, vous me feriez plaisir de m’en escrire quelque chose : ou mesme si vous en sçavez quelques autres observations. Et s’il est entierement maistre de conclure la presence de quelque ange bon ou mauvais lors que quelqu’un se tient en l’air eslevé d’un pied ou d’une lieue l’espace d’une heure ou plus. Mais j’ay quasi oublié les observations du flux qui consistent seulement à sçavoir relation unanime des pilotes qui tous disent qu’il n’y en a point aux costes d’Aftrique et par delà ni à celles de Norvege etc., mais delà depuis le 26 degré jusque au 66 et que le plus grand de tout le monde qu’ils ayent veu est au mont S’-Michel. Je suis maintenant après à representer une nouvelle ligne que me donnera peut estre quelque lumière que vous aggreeres si je la descouvre. En attendant, Monsieur, je suis bien vostre très affectionné serviteur.
F. M. MERSENNE, Minime
Revue historique et archéologique du Maine,
tome trente-troisième,
G. Fleury & A. Dangin (Mamers), Pellechat (Le Mans),
1893, premier semestere, p. 233-234.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k415352t/f235

Jean Huynes, Histoire générale de l’abbaye du Mont-St-Michel au peril de la mer (1638)

Moine bénédictin de la Congrégation de Saint-Maur, Jean Huynes fut le gardien des archives du Mont jusqu’en 1640, ce qui lui donna l’occasion de rédiger la première histoire générale du Mont. ¨Par la suite, son ouvrage deviendra incontournable, la référence des références citée et recitée par tous les historiens et ce jusqu’à notre époque.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63515b/f3

La vie de Saint Aubert, Evesque d’Avranches
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f66

PREMIER TRAICTE DE L’HISTOIRE DU MONT-ST-MICHEL CONTENANT TOUT CE QUE NOUS TROUVONS DE REMARQUABLE DEPUIS SON COMMENCEMENT JUSQUES AU TEMPS QUE LES RELIGIEUX Y FURENT INTRODUITS.

Chapitre premier – Description du Mont-St-Michel selon qu’il paroit à present.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f74

Chapitre second – D’une forest qui estoit anciennement autour de ce rocher en laquelle habitoient des Hermites ausquels un asne portoit à vivre, lequel dévoré d’un loup, Dieu voulut que le loup fit l’office de l’asne jusques à ce que les hermites se retirerent, la mer renversant la forest.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f78

Chapitre troisième – Le peuple affligé de la subversion de la forest se console entendant que St Michel s’estoit apparu à leur Evesque. Comment se fit cette apparition et de l’acheminement de l’Evesque avec son peuple vers ce Mont.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f80

Chapitre quatriesme – Saint Aubert ayant faict rendre le taureau à son maistre commença avec ses ouvriers à applanir la place pour bastir une eglise, à quoy il fut secouru du ciel pour abattre deux poinctes du rocher.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f85

Chapitre cinquiesme – Saint Aubert est environné de deux autres difficultez asçavoir pour la grandeur du temple et pour retrouver des sainctes reliques et est enseigné par l’Arcange comment il s’y doit comporter.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f88

Chapitre sixiesme – Saint Aubert enuoya des chanoines au Mont-Gargan où ils obtiennent des Reliques par la vertu desquelles douze aveugles sont illuminez.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f90

Chapitre septiesme – Saint Aubert faict bastir une petite eglise, puis va au devant des sainctes reliques et est tesmoin du miracle arrivé en une femme aveugle ; bref, voulant dedier l’église, est adverty que Dieu l’a dediée.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f93

Chapitre huictieme – Saint Aubert establit des chanoynes en ce Mont et leur donne des rentes pour vivre, obtient une fontayne d’eau douce et finalement l’Arcange luy promet de prendre ce Mont en sa protection.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f96

Chapitre neufiesme – Du temps auquel fut faict tout ce que dessus.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f99

Chapitre dixiesme – La renommée de ce Mont volle de tous costez : le Pape, le Roy de France et les Hybernois y envoyent des sainctes reliques, et ce Mont change de nom.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f101

Chapitre onziesme – Un chanoyne voulant voir à descouvert les sainctes reliques apportées du Mont-Gargan, est puny de mort.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f103

Chapitre douziesme – Un homme puny de mort pour avoir voulu temererement demeurer la nuict en cette eglise Sainct Michel.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f105

Chapitre treiziesme – Raoul ou Roul, ou Rollo ou Roulou dit Robert en son baptesme, premier duc des Normants, donne une terre à cette eglise ; et premierement de son arrivée en France et des ses principales actions.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f109

Chapitre quatorziesme – Raoul premier duc des Normants estant mort, son fils et successeur Guillaume donna plusieurs villages à cette eglise.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f111

SECOND TRAICTE DE L’HISTOIRE DU MONT-ST-MICHEL CONTENANT L’INTRODUCTION DES RELIGIEUX EN CESTE EGLISE, LES MIRACLES QUI S’Y SONT FAICTS ET LE RAPPORT DE L’ARCHEVESQUE BALDRIC, TOUCHANT L’ESCUSSON ET POIGNARD DITS DE ST MICHEL.

Chapitre premier – Richard premier du nom, troisiesme duc des Normands, met des Religieux en ce Mont, après avoir obtenu permission du Pape, ce qu’il fait confirmer par Lothaire Roy de France.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f114

Chapitre second – Les Sainctes reliques apportées du Mont-Gargan sont trouvées miraculeusement après l’embrasement de ce monastere.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f122

Chapitre troisiesme – Comment l’Evesque d’Avranches Norgot vit ce Mont comme tout en feu.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f125

Chapitre quatriesme – De la translation du corps Sainct Aubert evesque d’Avranches.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f128

Chapitre cinquiesme – Deux religieux ayant la fiebvre, l’un beuvant du vin qu’on avoit distillé par le chef de St Aubert est guery, et l’autre mesprisant cette potion meurt.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f134

Chapitre sixiesme – Une pauvre paralytique est guerye par les merites de Sainct Aubert.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f136

Chapitre septiesme – Une femme venant en pelerinage à cette eglise en est repoussée invisiblement pour ses fautes.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f138

Chapitre huictiesme – Un pelerin emportant une petite pierre de ce Mont par devotion d’autant qu’il n’en avoit demandé permission aux religieux, est puny de maladie.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f142

Chapitre neufiesme – D’une femme qui enfanta sur les greves estant environnée des ondes de la mer et d’une croix bastie audit lieu.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f145

Chapitre dixiesme – Le Sacristain de cette eglise reçoit un soufflet d’une main invisible.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f148

Chapitre onziesme – Deux religieux disans leur breviaire dans cette eglise avec peu d’attention et legerement sont reprimez par une flamme miraculeuse.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f151

Chapitre douziesme – Un homme perclus de ses membres est guery en cette eglise.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f152

Chapitre treiziesme – Plusieurs merveilles veües en cette eglise en divers temps.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f154

Chapitre quatorziesme – Une femme qui ne pouvait marcher sans potences est guerye.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f156

Chapitre quinziesme – Un enfant aagé de vingt et un jours dit qu’on l’apporte en ce Mont.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f157

Chapitre seiziesme – Une femme est possédée du diable pour s’estre moquée des pelerins qui venoient en ce Mont et puis est delivrée par l’invocation de St Michel.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f158

Chapitre dix euictiesme – Plusieurs de divers pays esloignez sont excitez divinement de venir en pElerinage en cette eglise.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f161

Chapitre dix neufiesme – Du Pain multiplié.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f162

Chapitre vingtiesme – Deux enfans empeschez par leurs parents de venir visiter cette eglise meurent de regret.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f163

Chapitre vingt et uniesme – Un enfant torticolis guery par l’intervention de l’Arcange St Michel.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f164

Chapitre vingt deuxiesme – Un homme est puny divinement pour avoir empesché des petits enfants de venir en pelerinage en cette eglise, et puis est guery par l’invocation de St Michel.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f165

Chapitre vingt troisiesme – Trois tailleurs de pierres se moquans des petits pelerins de St Michel sont punys et puis guerys par l’invocation du mesme Arcange.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f166

Chapitre vingt quatriesme – Un homme sourd et muet dès sa naissance recouvre l’ouye et la parole dans cette eglise.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f167

Chapitre vingt cinquiesme – Un homme perd la parole venant en pelerinage en cette eglise et la recouvre devant l’autel St-Michel.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f169

Chapitre vingt sixiesme – Une femme différant le voyage qu’elle voulait faire en ce sainct lieu devient muette, et le poursuivant recouvre la parole.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f170

Chapitre vingt septiesme – Une femme aveugle depuis six ans recouvre la veüe.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f171

Chapitre vingt huictiesme – Une mere empesche sa fille de venir en pelerinage et pour cela perd la parole, puis invoquant St Michel la recouvre.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f172

Chapitre vingt neufiesme – Un pelerin est delivré de faire naufrage.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f173

Chapitre trentiesme – Un autre pelerin delivré semblablement des ondes de la mer.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f174

Chapitre trente uniesme – D’une femme qui demeura trente six heures en la mer sans estre noyée.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f175

Chapitre trente deuxiesme – De la clarté de Sainct Michel.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f178

Chapitre trente troisiesme – Une multitude de personnes de haute et basse Alemaignes vient en pelerinage en ce Mont.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f182

Chapitre trente quatriesme – Un père voulant empescher son enfant de venir en pelerinage en cette eglise tombe roide mort sur la place.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f183

Chapitre trente cinquiesme – Une fille tourmentée d’un esprit invisible en est delivrée venant en pelerinage en ceste eglise.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f187

Chapitre trente sixiesme – Une femme possedée du diable est delivrée.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f188

Chapitre trente septiesme – Un jeune homme est delivré en ceste eglise d’un esprit maling.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f189

Chapitre trente huictiesme – Un jeune homme qui depuis trois septmaines ne pouvoit marcher ny parler est guery par l’invocation de St Michel.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f189

Chapitre trente neufiesme – Une femme morte apparoit à sa fille et luy commande de dire à son pere qu’il vienne en ce Mont et y face dire une messe pour la delivrance des peines qu’elle enduroit.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f190

Chapitre quarantiesme – A Pont-Orson, les habitants de la rue St-Michel sont preservez de peste par l’invocation du même Arcange.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f192

Chapitre quarante et uniesme – Une femme estant en travail d’enfant avec peril eminent de sa vie est delivrée par l’invocation de l’Arcange St Michel.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f193

Chapitre quarante deuxiesme – Refutation d’une histoire forgée à plaisir.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f194

De l’espée et de l’escu dits de St. Michel.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f195

TROISIEME TRAICTE DE L’HISTOIRE DU MONT-ST-MICHEL CONTENANT LE CATHALOGUE DES ABBEZ ET CE QUE CHACUN D’EUX A FAICT DIGNE DE REMARQUE.

Chapitre premier – De Maynard, premier du nom et premier abbé de cette abbaye.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f208

Chapitre second – De Maynard, second du nom et second abbé.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f210

Chapitre troisieme – De l’abbé Hildebert, premier du nom.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f211

Chapitre quatriesme – De Hildebert second, quatriesme abbé.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f212

Chapitre cinquiesme – Des abbez Almod, Theodoric et Suppo.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f213

Chapitre sixiesme – De Radulphe huictiesme abbé.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f216

Chapitre septiesme – De Radulphe neufiesme abbé et des navires qu’il envoya en Angleterre.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f217

Chapitre huictieme – De Roger premier dixiesme abbé.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f219

Chapitre neuviesme – De Roger second, onziesme abbé.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f220

Chapitre dixiesme – De Richard premier du nom douziesme abbé.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f225

Chapitre onziesme – De Bernard treiziesme abbé.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f226

Chapitre douziesme – De Geffroy, quatorziesme abbé.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f230

Chapitre treiziesme – De Robert de Thorigny, dit communement Robert du Mont, quinziesme abbé.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f231

Chapitre quatorziesme – Des abbez Martin, Jourdain, Radulphe et Thomas.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f237

Chapitre quinziesme – De Radulphe troisiesme du nom vingtiesme abbé.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f239

Chapitre seiziesme – De Richard second du nom vingt et uniesme abbé.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f240

Chapitre dix-septiesme – Des abbez Nicolas premier et second, de Jean et Guillaume.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f242

Chapitre dix huictiesme – De Jean second, vingt sixiesme abbé.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f244

Chapitre dix neufiesme – De Nicolas troisiesme dit le Vitrier.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f245

Chapitre vingtiesme – De Geffroy second de nom vingt-huictiesme abbé.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f247

Chapitre vingt et uniesme – De Pierre Le Roy vingt neufiesme abbé.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f248

Chapitre vingt deuxiesme – De Robert second trentiesme abbé.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f253

Chapitre vingt troisiesme – Jean Gonault gouverne cette abbaye durant l’absence de son abbé Robert Jolivet.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f256

Chapitre vingt quatriesme – Les religieux eslisent Jean Gonault pour estre leur abbé mais le pape en faict le cardinal d’Estouteville commendataire.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f258

Chapitre vingt cinquiesme – De ce que fit le cardinal d’Estouteville en cette abbaye en estant commendataire.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f263

Chapitre vingt sixiesme – D’André Laure trente et uniesme abbé regulier.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f265

Chapitre vingt septiesme – De Guillaume de Lamps trente deuxiesme abbé regulier.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f267

Chapitre vingt huictiesme – De Guerin Laure trente troisiesme abbé regulier.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f269

Chapitre vingt neufiesme – De Jean de Lamps trente quatriesme et dernier abbé regulier en cette abbaye.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f272

Chapitre trentiesme – Des privileges des Papes donnez à ce monastere touchant l’election des abbez par les Religieux.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f274

Chapitre trente et uniesme – De Jean Le Veneur second commendataire.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f278

Chapitre trente-deuxiesme – De Jacques d’Annebault troisiesme abbé commendataire.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f288

Chapitre trente troisiesme – De François Le Roux quatriesme commendataire.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f291

Chapitre trente quatriesme – D’Artur de Cossé cinquiesme commendataire.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f292

Chapitre trente cinquiesme – De l’Eminentissime cardinal François de Joyeuse.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f292

Chapitre trente sixiesme – Des religieux qui ont estez de cette abbaye pour estre evesques ou abbez.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f296

 Dom Jean Huynes, Histoire générale de l’abbaye du Mont-St-Michel au péril de la mer, tome 1,
introd. et notes, par E. de Robillard de Beaurepaire, A. Le Brument, Rouen,1872-1873

QUATRIESME TRAICTE DE L’HISTOIRE DU MONT-ST-MICHEL DE CEUX QUI ONT TESMOIGNEZ AFFECTIONNER CETTE EGLISE DE SAINCT MICHEL SOIT EN Y AUMOSNANTS DE LEURS BIENS SOIT AUTREMENT ET FINALEMENT UN CATALOGUE DES BENEFICES DEPENDANTS DE CETTE ABBAYE.

Chapitre premier – Que nous devons publier et louer les bienfaicteurs de ce monastere.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f6

Chapitre second – De Richard premier du duc de Normandie et de Gonnor sa femme.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f7

Chapitre troisiesme – De Richard second et de ses deux fils
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f10

Chapitre quatriesme – Des bien-faicts des ducs de Normandie et Roys d’Angleterre envers ce monastere depuis la mort de Robert le liberal jusques à Jean dit Sans Terre.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f13

Chapitre cinquiesme – La Normandie retourne en la puissance des Roys de France et Philippe Auguste envoye de l’argent pour ayder à reparer les ruines de ce temple.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f15

Chapitre sixiesme – Des bienfaicts des Roys de France envers ce monastere.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f19

Chapitre septiesme – Des dons et affections des ducs de Bretagne envers ce monastere.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f21

Chapitre huictiesme – De plusieurs personnes de diverses conditions qui, en divers temps, ont offert de leurs biens à cette eglise et ont cédé de leurs droicts.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f23

Chapitre neufiesme – De quelques dons des Angloïs et de leur devotion envers cette eglise.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f27

Chapitre dixiesme – Des execrations de ceux qui ont eslargi de leurs biens ou de leurs droicts à cette eglise contre les impies.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f30

Chapitre onsiesme – Les Papes confirment les possessions, privileges et autres droicts donnez à ce monastere et secondent les imprécations des fondateurs.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f33

Chapitre douziesme – Confirmation des bulles précédentes.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f36

Chapitre treiziesme – De quelques offrandes faictes en divers temps à cette église.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f39

Chapitre quatorziesme – Abregé des reliques des saincts dont ce monastere est enrichy selon l’ordre et la disposition des vases dans lesquels elles reposent.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f41

Chapitre quinziesme – De ceux qui ont faicts enchasser richement les sainctes Reliques nommées au chapitre précédent.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f47

Chapitre seiziesme – Denombrement de quelques signalez personnages qui sont venus par devotion visiter cette eglise et les saintes Reliques susdites.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f53

Chapitre dix septiesme – Des indulgences concedées par le souverain pontife à tous ceux qui visitent l’église de ce monastère.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f62

Chapitre dix huictiesme – Des chevaliers de l’ordre Sainct Michel
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f66

Catalogue – Des prieurez de cette abbaye du Mont-Saint-Michel.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f75

Catalogue – Des cures dépendantes de cette abbaye, lesquelles se présentent et donnent dans la chapelle de ladite abbaye par la pluralité des voix de l’abbé ou son vicaire, en son absence, et des Religieux.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f76

CINQUIESME TRAICTE DE L’HISTOIRE DU MONT-ST-MICHEL – DES SOLDATS ET DE LA CONSERVATION DE CETTE ABBAYE CONTRE SES ENNEMIS.

Chapitre premier – Que cette abbaye est inexpugnable.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f91

Chapitre second – Le duc de Normandie et le roy d’Angleterre, fils de Guillaume-le-Conquérant assiegent leur frere Henry en ce Mont qui leur resiste virilement.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f92

Chapitre troisiesme – De l’introduction de la garnison en ce Mont et comment les abbez Jean et Nicolas se deffendirent de ne payer aucune chose à icelle tant pour eux que pour leurs successeurs.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f95

Chapitre quatriesme – L’abbé Nicolas le Vitrier, est ordonné du roi premier capitaine de ce Mont, et quatre paroisses y doivent venir faire le guet.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f98

Chapitre cinquiesme – L’abbé Geffroy de Servon est faict capitaine de la garnison de ce Mont ; obtient du roy que nul ne le puisse estre que les abbez, et que nul entre en la ville ny abbaye avec armes et cousteaux.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f99

Chapitre sixiesme – Des abbez Pierre Le Roy et Robert Jolivet, capitaines de ce Mont.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f103

Chapitre septiesme – Des troubles arrivez en France, du regne de Charles sixiesme et de Jean de Harcourt, capitaine de ce Mont.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f106

Chapitre huictiesme – De plusieurs efforts faicts en vain par les Anglois contre ce rocher et de la mort de Jean de Harcourt, capitaine de cette place.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f110

Chapitre neufiesme – De Jean bastard d’Orleans, capitaine de ce Mont.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f114

Chapitre dixiesme – De l’institution de Louys d’Estouteville, pour estre capitaine de cette place, et des lettres de privileges que le roy et luy donnerent à ce monastère.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f115

Chapitre onziesme – La garnison de ce Mont deffaict la garnison de Tombelaine.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f119

Chapitre douziesme – Des noms des gentilshommes qui deffendirent cette place durant le regne de Charles septiesme, roy de France.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f120

Chapitre treiziesme – De vingt mille hommes tuez devant ce rocher, et de la fuite des Anglois de toute la Normandie.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f125

Chapitre quatorziesme – Comment les abbez de ce Mont, les guerres finies, ne furent plus capitaines.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f128

Chapitre quinziesme – Des capitaines qui succederent à Jean d’Estouteville.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f130

Chapitre seiziesme – De la surprise de cette abbaye faict par les religionnayres et du sieur de Vicques gouverneur de cette place.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f132

Chapitre dix septiesme – Ce Mont tient pour la ligue et Monsieur de Vicques le deffend toujours contre les ennemys.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f136

Chapitre dix huictiesme – Comment quatre vingt dix huit Huguenots furent tuez en ce Mont.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f138

Chapitre dix neufiesme – Les habitants de Pontorson : le marquis de Belle-Isle et le sieur de Boisuzé attendent chacun sur ce Mont
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f141

Chapitre vingtiesme – De la mort du gouverneur Querolland et de ceux qui luy ont succédé au gouvernement de cette place.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f145

Chapitre XXIV – De monseigneur de Cougnes, 24e gouverneur.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f176

SIXIESME TRAICTE DE L’HISTOIRE DU MONT-ST-MICHEL – DES SOCIETEZ DE CETTE ABBAYE AVEC PLUSIEURS AUTRES ; DE SON UNION A LA CONGREGATION SAINCT MAUR ET DES CHOSES DIGNES DE REMARQUE QUI Y SONT ARRIVEES DEPUIS.

Chapitre premier – Quelle estoit la société de cette abbaye avec plusieurs autres.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f182

Chapitre second – Denombrement des abbayes associées à celle-cy et la forme ordinaire de telles societez.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f184

Chapitre troisiesme – De l’estat de la Congregation Saint-Maur lorsque cette abbaye s’unit à elle.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f191

Chapitre quatriesme – Le très illustre prince Henry de Lorraine est nommé pour commendataire, et, à raison de son bas aage, le reverend père Pierre de Berulle est ordonné du pape pour l’estre un certain temps durant lequel, le prieur de cet abbaye mourant, Jacque Gastaud, son procureur en ceste abbaye, exhorte les religieux de consentir qu’un religieux de quelque autre abbaye soit leur prieur, ce qu’obtient monsieur Mareschal.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f192

Chapitre cinquiesme – Dom Noël Georges est mis prieur ; de ses comportements et de ce qui se fit de son temps à l’occasion de cette abbaye.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f196

Chapitre sixiesme – De l’election de Dom Henry du Pont pour Prieur et de ce qui fut faict en ce Mont de son temps.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f199

Chapitre septiesme – L’abbé et son conseil consentent à l’introduction de la congregation Saint-Maur et en passent le concordat.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f201

Chapitre huictiesme – De l’acheminement de douze religieux de la congregation Saint-Maur en ce Mont, du jour de leur arrivée et prise de possession qui fut bienheureux à Monsieur de Guise, pere de nostre abbé.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f202

Chapitre neufiesme – Des religieux qui estoient en ce Mont au temps de la reforme et comment les reformés se comportent avec eux.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f205

Chapitre dixiesme – Des prieurs qui ont gouverné cette abbaye depuis la susdite reforme jusqu’à maintenant, et de ce qui s’est faict et est arrivé digne de remarque.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f207

Chapitre onziesme – Des reparations faictes en ce monastere.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f212

Chapitre douziesme – D’un poisson prodigieux
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f214

Livres desquels l’autheur s’est servy pour composer cette histoire.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f237

Dom Jean Huynes, Histoire générale de l’abbaye du Mont-St-Michel au péril de la mer, tome 2,
introd. et notes, par E. de Robillard de Beaurepaire, A. Le Brument, Rouen,1872-1873

A. Le Michel, « Apud Sanctum Michaelem in Periculo Maris » (1639)

Il n’existe pas de catalogues médiévaux recensant les manuscrits du Mont Saint-Michel. En revanche, au XVIIe siècle, plusieurs bénédictins mauristes firent une liste des manuscrits toujours présents au Mont à cette époque. Celle de Don Anselme Le Michel date de 1639. Il avait été chargé par son Supérieur général, Dom Grégoire Tarrisse, de visiter les monastères de la Congrégation de Saint-Maur « pour voir les chartriers, cartulaires et anciens livres manuscripts, et en faire des extraicts et mémoires pour servir à l’histoire, et faire un catalogue des manuscripts et remarquer ceux qui ne seroient pas imprimez » (« Remarques faictes de quelques actions et parolles du R. P. Dom Grégoire Tarrisse » par D. Luc Dachery 1649, éditées par H. Stein, dans Mélanges et documents publiés à l’occasion du « deuxième centenaire de la mort de Mabillon, Ligugé-Paris, 1908, p. 63).

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10512752n/f635

A. Le Michel, « Catalogus librorum bibliothecae Sancti Michaelis antiquae quos est certum non esse impressos vel esse dubios » (1639)

Dans un autre « catalogue », le bénédictin mauriste reprend et complète sa première liste des manuscrits du Mont.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b525037164/f551

A. Le Michel, P. Oudin, « Catalogus librorum manuscriptorum bibliothecae Sancti Michaelis in periculo maris » (1639)

Nous disposons d’un autre catalogue des manuscrits du Mont issu cette fois de la collaboration de deux mauristes.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10515937v/f231

Thomas Le Roy, Livre des curieuses recherches du Mont-Sainct-Michel, 1648

Thomas Le Roy est un bénédictin mauriste qui vécut au Mont de 1646 à 1648 et qui comme Jean Huyne rédigea une histoire du site. Dans un premier manuscrit de 290 feuillets, Les curieuses recherches du Mont Sainct Michel, il « débute par quelques pièces d’avant-propos – une dédicace à l’archange, une adresse au lecteur et une description du Mont. Suivent quarante-trois chapitres sur l’histoire de l’abbaye ; le premier consacré à l’évêque Aubert et les quarante-deux suivants à chacun des abbés du monastère – de Mainard Ier à Jacques de Souvré ». Dans un autre manuscrit, il « présente de manière très succincte : la fondation du Mont et les chartes fondatrices ; une liste des abbés et des hommes illustres ayant participé à la splendeur du Mont ; une description du Mont ; la copie d’une bulle d’Alexandre III (bulle datée de 1163) ». Enfin, dans un troisième manuscrit « composé de seize chapitres numérotés […] [i]l présente thématiquement l’histoire du Mont Saint-Michel en s’appuyant notamment sur l’Histoire générale de l’abbaye du Mont Saint-Michel au péril de la mer de dom Jean Huynes écrite quelques années plus tôt, mais […] largement étayé d’autres textes manuscrits conservés alors au Mont » (Marie Bisson, « L’édition numérique structurée des Curieuses recherches du Mont Saint-Michel de dom Thomas Le Roy »)
https://www.unicaen.fr/services/puc/html/ecrire/preprints/preprint0122011.pdf

L’autheur dédie son œuvre au S. Archange, et après l’avoir invocqué le supplie très humblement de l’agréer.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k200075p/f250

Avant-propos au bon lecteur dans lequel est exprimée l’intention de l’autheur entièrement.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k200075p/f253

Description du Mont-Sainct-Michel comme il est à présent.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k200075p/f257

Chapitre I. De sainct Aubert, évesque d’Avranches, premier fondateur de ce monastère.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k200075p/f272

Chapitre II. De Maynard, Ier du nom, esleu 1er abbé du Mont-St-Michel.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k200075p/f286

Chapitre III. De Maynard, 2e du nom, esleu 2e abbé de ce Mont-St-Michel.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k200075p/f290

Chapitre IV. D’Hildebert, Ier du nom, esleu 3e abbé du Mont-St-Michel.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k200075p/f295

Chapitre V. D’Hildebert, second abbé de ce nom, esleu quatrième abbé du Mont-St-Michel.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k200075p/f299

Chapitre VI. D’Almod esleu 5e abbé de ce monastère du Mont-St-Michel.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k200075p/f301

Chapitre VII. De Théodoric, 6e abbé, estably en ceste abbaye du Mont-St-Michel.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k200075p/f304

Le Roy, Dom Thomas, Les curieuses recherches du Mont Sainct-Michel, in Mémoires de la Société
des antiquaires de Normandie, Mancel, Caen, Ponthieur et Delaunays, Paris, 1875.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10720530b/f7
https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00656637

Jean-François Senault, La Vie de madame Catherine de Montholon, veuve de monsieur de Sanzelles, maistre des requestes, et fondatrice des Ursulines de Dijon (1653)

Disciple de Bérulle, Jean-François Senault est un des grands prédicateurs du XVIIe siècle. Il fut supérieur général de la Congrégation de l’Oratoire, une communauté de prêtres séculiers qui cherchaient à œuvrer pour la sanctification de leurs prochains et donc mettaient en avant dans leurs ouvrages des « personnes distinguées par leur éminente piété » comme la fondatrice des Ursulines de Dijon.

Nostre Seigneur suiuant ses desirs ne luy a jamais esté chiche de croix : elle a vescu quarante ans dans des peines interieures, causées quelquesfois par des scrupules, quelquesfois par des craintes de ne pas répondre fidelement aux desseins de Dieu. Mais ce qui est de merueilleux, & qui marque sa fidelité à souffrir, elle n’a jamais demandé d’en estre deliurée, ny recherché mesme d’en estre soulagée par le changement de Directeur. L’oraison estoit vne des plus grandes occupations de cette ame sainte ; & comme elle auoit cherché la retraite dans la Religion, par vne suite necessaire elle deuoit trouuer ses delices dans la priere. Cependant nostre Seigneur luy estoit rigoureux dans cet exercice, où il est si liberal & si fauorable aux autres : Il mesloit toùjours les ariditez & les seicheresses parmy les douceurs, si bien qu’elle eust pû luy dire auec Iob, Mutatus est mihi in crudelem, si elle n’eust sceu que la rigueur est vne grace, & qu’elle demande plustost des remercimens que des reproches. Aussi disoit-elle à ses plus intimes, qu’encore que Dieu l’exerçast dans l’oraison, il ne laissoit pas de luy estre indulgent, & qu’ayant égard à sa foiblesse, il moderoit ses peines & adoucissoit ses afflictions ; Il est vray qu’elle ne desauoüoit pas qu’elle n’eust beaucoup souffert, mais elle attribuoit ses douleurs à ses defauts ; & sans estre coupable d’ingratitude, elle donnoit le nom de suplices aux faueurs qu’elle receuoit de Dieu. Elle confessa à la Mere Marguerite de saint Xavier, que les épreuues auoient commencé auec son mariage ; que la voye dans laquelle elle auoit marché auoit toujours esté semée d’épines : & que lassée, mais non découragée d’vne conduite si penible, elle fut obligée de faire vn pelerinage au Mont saint Michel, dans lequel elle auoit receu beaucoup de forces, mais peu de soulagement à ses peines.
François Senault, La vie de madame Catherine de Montholon, veuve de monsieur de Sanzelles, maistre des requestes, et fondatrice des Ursulines de Dijon,
L. Gy, Rouen, 1653, p. 67.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5675269m/f86

Jean Regnault de Segrais, Les Nouvelles françaises ou Les Divertissements de la princesse Aurélie (1657)

Ami de Scarron, proche de Mme de Lafayette, Jean Regnault de Segrais, imitant Boccace, Marguerite de Navarre et Sorel, écrit en 1657 un recueil de nouvelles mettant en scène Aurélie et ses dames de compagnie qui, pour se distraire, se racontent six histoires d’amours contrariées. La quatrième de ces histoires est la plus romanesque : « Sous le règne de Guillaume le Conquérant, Roger de Montafilant s’est épris de Mathilde, fille d’un gentilhomme normand ; mais un fils de Guillaume, le prince Henry, tombe aussi amoureux de la jeune fille et tente de l’enlever. Roger, avec son père et Mathilde, s’enfuit en Belgique, puis au Danemark. Les fugitifs sont capturés par des corsaires écossais et emprisonnés à Edimbourg. Là, le favori du roi, Montrose, s’éprend à son tour de Mathilde et, rebuté par elle, tombe malade. D’où le dilemme de Roger : refuser Mathilde à Montrose serait leur perte à tous trois, sacrifier son amour sauverait Mathilde et son vieux père. Il se résout au sacrifice, mais lorsqu’on va unir Montrose et Mathilde, la nourrice de celle-ci », Clémence,…
https://www.persee.fr/doc/licla_0992-5279_1991_num_15_1_1299

[…] Mais enfin l’heure vint, Montrose donna la main à sa Maistresse ; & en presence de toute la Cour, il approcha auec elle de l’autel où l’Euesque d’Edimbourg l’atendoit, comme celuy qui estoit destiné pour faire ce mariage : mais que sert enfin de vous tenir plus long-temps en l’impatience où ie vous voy, & ce pauure Amant en vne si grande inquietude ? Apres que les premieres ceremonies furent faites ; au moment qu’il fallut que Montrose donnast l’anneau & la main à sa Maistresse, il arriua deux choses qui troublerent merueilleusement cette feste. Matilde s’éuanoüyt, & au mesme instant encore, Clemence qui auoit la veuë attachée sur la main de Montrose, s’auança, & s’écria qu’on ne passast pas plus outre, sans l’écoûter : Elle auoit remarqué que cét Amant auoit vne rose sur la main, la mieux exprimée qu’il estoit possible, & songeant en mesme-temps que le frere qui auoit esté enleué à Matilde, incontinent apres sa naissance, auoit précisement cette mesme marque, elle se crut obligée de le declarer. Elle sçauoit que Montrose estoit Estranger, & qu’on ne sçauoit point de qui il estoit né, soit que ce bruit s’épandit seulement par l’Escosse par la verité du fait, ou par l’enuie qui s’attaque toûjours à ceux qui possedent la faueur des Rois. Ces deux considerations firent naistre son soupçon auec quelque ressemblance qui se remarquoit sur le visage de Matilde & celuy de ce fauory, ce qui arriue quelquesfois entre les personnes qui s’aiment, & ce qui auoit souuent seruy de conuersation entre sa maistresse, & elle. Toutes ces choses iointes ensemble, & à l’éuanoüissement de Matilde qu’il fallut reporter sur son lit, tant il dura long-tems, interrompirent cette ceremonie ; outre que comme on degraffa sa robe, vn poignard qu’on y trouua caché, donna encore de grands suiets de discourir sur cet accident si merueilleux. Enfin il se trouua que le soupçon de Clemence estoit veritable : la marque de Montrose estoit si singuliere qu’elle estoit capable de seruir seule d’vn grand indice pour cette reconnoissance ; mais vn Marchand qui l’auoit nourry, ayant rapporté qu’il l’auoit eu des mains des Pyrates ; & ajoutant que ç’auoit esté vers les costes de Normandie, proche le Mont saint Michel, & que c’estoit de ce mont, & de la rose qu’il auoit marquée sur la main qu’il luy auoit donné le nom de Montrose, accrut tellement le soupçon de Clemence, qu’il en fallut venir à vn plus grand éclaircissement. De bonne fortune il se trouua encore vn vieux soldat dans le Chasteau d’Edimbourg qui ayant sceu cette derniere auanture, & estant complice de l’enleuement, crut qu’il pourroit faire beaucoup pour luy, s’il raportoit la chose comme elle estoit. Il vint donc trouuer ce fauory & apres luy auoir demandé pardon, il luy raconta comme vn Capitaine qu’il seruoit alors fut pratiqué par le Comte de Bessin, tandis qu’ils estoient en vn des ports d’Angleterre ; qu’on leur donna vn homme pour les conduire ; & qu’enfin la chose fut executée comme Montafilant l’auoit racontée au Prince Henry la premiere fois qu’il luy parla de Matilde. Mais ce qui acheua d’empescher que Montrose ne pust douter de la declaration de ce soldat, ce fut qu’il ajouta, qu’ayant eu part au butin que ses camarades firent en pillant la maison du Baron de Douure, entre plusieurs meubles qui luy écheurent pour sa part, il luy dît qu’il luy estoit tousiours demeuré vn de ces cristaux qu’on donne aux enfans pour se ioüer quand les dents commencent à leur percer. Il le fut querir aussi-tost ; & comme ce cristal estoit garny d’or, & qu’il y auoit des armes grauées dessus, Matilde les reconnut pour les siennes, & Clemence aioûta que ce cristal auoit esté destiné pour cet enfant qui leur auoit esté enleué ; comme auant les couches d’vne personne de qualité, d’ordinaire on prepare iusques aux moindres choses qui peuuent servir à l’enfant qui doit naistre. Ainsi Montrose ne pouuant plus douter de son extraction, & ayant appris par ce poignard que Matilde auoit caché sous ses habits, la violence qu’elle se faisoit pour l’espouser, & en suite l’histoire de son Amant & d’elle ; cet homme qui s’estoit montré si genereux en toutes ses actions, ne voulut point se dedire en celle-cy. Quelque temps apres Matilde & Montafilant s’espouserent auec autant de ioye qu’ils auoient eu d’inquietude auparauant. Montrose espousa la fille du Roy son maistre […]

Jean Regnault de Segrais, Les nouvelles françoises,
ou Les divertissemens de la princesse Aurélie,
A. de Sommaville, Paris,1656-1657, p. 222-230.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5656739z/f226

A. Moynet, « Vitae Sanctorum quae extant in libris manuscriptis bibliothecae monasterii Sancti Michaelis de Tumba » (1660)

Augustin Moynet, bénédictin mauriste, dixième prieur du Mont, ne fit pas que changer la ronde des soldats, orner de menuiseries et de peinture les deux autels de Saint-Aubert et de Notre-Dame sous-Terre, bâtir les deux chapelles du circuit de Saint-Pierre et de Sainte-Anne et donner grandes aumônes durant les disettes de 1661, il recensa les ouvrages du Mont qui relataient des vies de saints

A. Moynet, « Vitae Sanctorum quae extant in libris manuscriptis bibliothecae monasterii Sancti Michaelis de Tumba », dans Vies de saints recueillies par les Bénédictin

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10500727n/f388

Lettre d’un conseiller du parlement de Paris (3 novembre 1661)

Dans une lettre privée, un conseiller du parlement de Paris qui séjournait aux alentours de Vitré évoque sa rencontre avec Madame de Sévigné et une visite du Mont Saint-Michel.

Fontainebleau le 3 novembre 1661

J’ai eu l’avantage d’être un mois durant voisin de madame de Sévigné, dont la maison n’est qu’à deux lieues de nous. Cette favorable conjoncture me l’a bien mieux fait connaître par elle-même, que par ce grand et légitime bruit que son mérite fait dans le monde. Je ne vous en dirai rien du tout, et je vous renvoie, ou à la connaissance que vous en avez, ou à la foi publique… Mademoiselle, sa fille est une autre merveille, dont je ne vous dirai rien non plus : 

Vous la verrez, si vous ne l’avez vue,
Vous la verrez, de mille attraits pourvue,
Briller d’un éclat sans pareil ; 
Et vous direz, en la voyant paraître : 
C’est un soleil qui ne fait que de naître
Dans le sein d’un autre soleil.

Le lieu où ces déités me sont apparues est une maison située à une lieue de Vitré, grande et belle pour ses bâtiments et ses jardins, où Madame de Sévigné passe de temps à autre quelques mois, et où, dans un fond de province, on trouve la même politesse que dans l’Ile de France.
J’ai encore à vous rendre compte du pèlerinage que j’ai fait au mont Saint-Michel… Ce mont est une chose singulière, où il y a une fort belle abbaye : et c’est tout vous dire que madame de Sévigné avait eu la même curiosité huit ou dix jours avant moi, et en avait été fort satisfaite ; ce qui me donna lieu de lui en écrire, à mon retour, une lettre que je ne mets ici que pour vous servir de description de cette montagne […]

Vous l’avez vu, madame, et savez si je mens.
Vous avez triomphé de la roche superbe ; 
Vos beaux pieds l’ont foulée, ainsi qu’on foule l’herbe : 
Elle fléchit pour vous son invincible orgueil ; 
Et, sentant sur sa croupe une charge si belle,
Elle vous caressa par un muet accueil ; 
Puis, de votre départ, voyant l’heure cruelle,
Dans ses concavités elle en pleura le deuil.
Elle ne le dit pas ; et je le dis pour elle. »

Ms. N° 902, in-fol., t. IX, p. 484, bibliothèque de l’Arsenal, in
M. Le Baron Walckenaer,
Mémoires touchant la vie et les écrits
de Marie de Rabutin-Chantal Dame de Bourbilly
Marquise de sévigné,
Firmin Didot Frères, 1843, p. 197-198.

https://books.google.fr/books?id=ZpMMAQAAMAAJ&pg=PA197

Charles Cotin, Œuvres galantes en prose et en vers (1663)

Si Charles Cotin est encore connu de nos jours, c’est parce qu’il fut une cible de Boileau mais aussi et surtout de Molière qui en fit le pédant Trissotin des Femmes savantes. Cela ne l’empêcha cependant pas d’être à son époque un ecclésiastique reconnu, aumônier du roi, membre des salons les plus à la mode, écrivain à succès. En 1663, dans ses Œuvres galantes en prose et en vers, il réunit les billets qu’il avait écrits ou reçus, occasion pour lui de pratiquer le badinage amoureux « comme un jeu conscient, distancié et intellectualisé » et de cultiver l’ « art de plaire indispensable à la pratique de la conversation » (F. Vuillemier Laurens, « L’envol poétique dans la lettre galante » in Correspondance et poésie, PUR, Rennes, 2011, p. 105-118).

LETTRE V

Petites nouuelles

IE vous pardonne tout ; & ie vous aime quoy que coupable ; iugez ce que ce pourroit estre si vous ne l’estiez pas, & songez vn peu à m’éclaircir vostre Enigme en prose, ie ne les entend qu’en vers. I’auoüe que ie suis fort duppe, mais souuent ie me la fais encore plus que ie ne la suis. Vos vers ont esté trouuez fort polis, & particulierement ceux dont vous vouliez que ie fisse vn secret à la Marquise. Nous auons esté au Mont Saint Michel auec la diuine Axiamire ; la curiosité d’y voir vne grosse cloche, & vne ieune femme qui a eu trente-trois enfans, l’a retenuë icy quelque temps. Saint Martin & l’Abbé Bandy estoient avec elle. Il nous a abandonnées apres auoir fait sa priere à sa diuinité, laquelle est connuë en place Royale. Dans trois mois i’espere de me rendre à Paris, où je vous contraindray de me croire. V. S.

Cotin, Œuvres galantes en prose et en vers de monsieur Cotin, E. Loyson, Paris, 1663
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k117405g/f25

Louis de Camps, Histoire de la célèbre abbaye du Mont Saint-Michel au péril de la mer (1664)

Entre 1661 et 1664, Louis de Camps, bénédictin mauriste, copie l’histoire du Mont Saint-Michel de Jean Huynes. On peut lire dans une note de bas de page : « L’auteur est François-Jean Huynes, natif de Beauvais. Il fit profession à l’âge vingt-et-un an au monastère de Saint-Sauveur-de-Rhédon, le 21 may 1630 ; il composa son histoire en 1638, et mourut en l’abbaye de Saint-Germain-des-Près, le 18 août 1651. Dom Louis de Camps, religieux de la même congrégation, a transcrit la présente histoire, où il n’a changé que quelques phrases, sans altérer l’essentiel de l’histoire ». En réalité, « Dom Louis de Camps a […] réorganisé la matière de dom Jean Huynes et a continué l’histoire montoise jusqu’en 1664. »
https://www.unicaen.fr/bvmsm/ead.html?id=FR_UCBN_MSM_mss_av

Addition au traité troisième de Dom Huynes, Par Dom Louis de Camps.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486064z/f300

Ch. XI. Des cures qui nous sont contestées ou ostées
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f80

Ch. XII. Des chapellenies dépendantes de ceste abbaye.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f82

Addition de De Camps
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f104

Additions de Dom Louis de Camps
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f149

Chapitre XXI – Du sieur de Qureloland, 16e gouverneur.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f151

Chapitre XXII – Des sieurs de Brevent, de Richard son fils et de Henry de Bricqueville, 17e, 18e et 19e gouverneurs.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f155

Chapitre XXIII – De la marquise d’Alferac, du marquis de la Garde et de la Chastière, 21e, 22e et 23e gouverneur du Mont-St-Michel.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f157

Additions de Dom Louis de Camps
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f216

https://www.unicaen.fr/bvmsm/pages/archives/38.html
https://www.unicaen.fr/bvmsm/ead.html?id=FR_UCBN_MSM_mss_av

Jean-Robert Quatremaire, L’Histoire abbregée du Mont St. Michel en Normandie (1668)

Si l’on se fie à la notice que les Mauristes dressèrent de leur confrère Jean-Robert Quatremaire, celui-ci consacra sa vie à l’étude, participa à une querelle sur l’Imitation de J.C, fut « en commerce de lettres avec les plus savants hommes du Royaume, qui estimoient son érudition & sa vertu. […] Le Père Niceron le qualifie Homme d’esprit & d’érudition, mais ardent & caustique. » Dom Robert Quatremaire fut aussi « l’auteur d’une Requête présentée au Clergé pour la Fête de St. Michel & le pèlerinage du Mont Saint Michel en Normandie. Le dernier ouvrage que le P. Quatremaire ait fait imprimer, est l’Histoire abrégée du Mont Saint-Michel, avec les motifs du pèlerinage. A Paris, 1668, in – 12. » La bibliothèque de l’Arsenal contient un exemplaire de cet ouvrage qui, lui, est daté de 1685 (date postérieure à la mort de Quatremaire). Le chanoine Pigeon laisse entendre que l’ouvrage aurait en fait été publié en 1659. Il n’est malheureusement par en ligne. Quelques auteurs le citent.

Histoire littéraire de la congrégation de Saint-Maur ordre de S. Benoit, Bruxelles, 1770, p. 72
https://books.google.fr/books?id=vV4OAAAAQAAJ&pg=PA72

« Ce mont était au milieu d’une forêt qu’on dit avoir eu six lieues de long et une de large. En effet la quantité d’arbres a donné le nom au pays Avranchin » 
« La mer, qui jusqu’alors n’avait poussé son flux que jusqu’à trois lieues près du rocher, s’épancha d’une telle roideur cette même année, qu’elle renversa toute la forêt voisine qui rendait les abords difficiles, et enferma tout le Mont de ses eaux. Elle apporta une quantité si immense de sable, qu’elle changea tout ce bois en une belle grève, pour préparer et applanir un chemin très facile et très agréable aux pèlerins qui doivent ensuite y arriver »
Quatremaire, Histoire abbrégée du Mont-Saint-Michel en Normandie, p. 16 et 18 cité par Emile-Aubert Pigeon, « Le Diocèse d’Avranches » in Mémoires de la société académique du Cotentin, tome cinquième I.Imprimerie de Salettes, Coutances, 1887, p. 63-64
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5748393z/f82

Estienne Jobart, Histoire générale de l’abbaye du Mont-St-Michel au peril de la mer (1669)

Comme Louis de Camps, Estienne Jobart compléta « par quelques additions le manuscrit de dom Louis De Camps jusqu’à l’an 1669 »
https://www.unicaen.fr/bvmsm/ead.html?id=FR_UCBN_MSM_mss_av

Addition de Dom Estienne Jobart [sur le culte à Saint Gaud]
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f84

Additions de Dom Estienne Jobart
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486065b/f161

A. Saint-Oprez, « Catalogue des livres manuscris apartenans a l’abbaye du Mont Sainct-Michel au peril de la mer » (1670-1671)

Tout est dans le titre complet des quelques pages de ce catalogue…

Catalogue des livres manuscris apartenans a l’abbaye du Mont Sainct-Michel au peril de la mer envoies de ladicte abbaye a celle de Saint-Germain-des-Prez les Paris par ordre de tres reverend pere superieur general pour contribuer à la correction d’une nouvelle edition que nos reverends peres superieurs majeurs firent faire de touttes les oeuvres de sainct Augustin et pour etre renvoiés au plutost que faire se poura dans ladite abbaye du Mont Saint-Michel au peril de la mer et par Pontorson, avec ceux qui ont estée par cy-devant envoiez à ladite abbaye de Saint-Germain et dont nous avons les recepisse, entrautre une ancienne Bible escrite il y a plus de mille ans en parchemin et in maximo folio, les oeuvres d’Abelard et celles de Robert du Mont et autres.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10515935z

J. B. de La Grange, Traité des éléments et des météores, contre les nouveaux philosophes Descartes, Rohault, Gassendi (1679)

Il n’est pas rare que les querelles philosophiques débouchent sur des querelles scientifiques. Cela se produisit au XVIIe siècle. Les scolastiques, continuateurs d’Aristote et de Thomas d’Aquin, tentèrent de décrédibiliser ceux qu’on appelait alors les « nouveaux philosophes », Descartes et Gassendi, en les attaquant sur un sujet aussi peu théologique que celui des marées.

VII. La seconde chose qui doit augmenter ou diminuer beaucoup le Flux de la Mer, est la Pente des Terres qui terminent les Mers : quand le fond de la Mer est plat, & que les Côtes sont escarpées, le Flux ne doit pas monter si haut ; parce que cette situation des Terres rompt l’impetuosité des Eaux : Mais quand les Terres montent insensiblement, non seulement elles ne rompent point leur impetuosité, mais elles l’augmentent, parce qu’elles aydent l’Eau à monter. Ceux qui sçavent la Statique, sont persuadés de ce que je dis ; ils sçavent qu’un poids pese d’autant moins, qu’il est appuyé sur un Plan qui est plus incliné : Mais il n’est pas necessaire d’estre fort sçavant dans les Mathematiques, pour concevoir, que la Pente des Terres doit augmenter le Flux de la Mer : […]
VIII. L’experience, au reste, confirme ce que je dis ; car les Marées les plus hautes ne montent que six ou sept pieds de haut, par tout où les rivages sont profonds, & revêtus de Falaises escarpées ; comme sont ceux de Norvege. Au lieu que le Flux monte à plus de quatre vingt pieds à Bristol en Angleterre, à Avranches, & au Mont Saint Michel, parce que les Rivages de ces mesmes lieux haussent presque insensiblement ; ce qui fait que la Mer s’éloigne de plus de sept ou huit mille pas, quand elle se retire.
Outre les raisons que je viens de dire, de l’augmentation des Marées, il est certain, que la situation des Mers doit beaucoup les augmenter ou les diminuer ; il n’y a pas de doute, que le Flux doit estre plus grand sur les Côtes, qui sont directement opposées au Mouvement de la Mer, que sur les autres qu’elle ne frappe qu’obliquement, ou que par reflexion. Il doit estre encore plus grand dans les Côtes qui font l’extrémité d’un Golfe, parce que les deux costés du Golfe conduisent les Eaux vers son extremité. Les Vents contribuent encore à augmenter les Marées, & il semble mesme, qu’ils peuvent les retarder un peu, ou les avancer.
IX. Voila les raisons pour lesquelles le Flux est plus grand en des Païs qu’en d’autres : il faut voir maintenant, pourquoy les Marées sont plus grandes en de certains temps ; comme lors qu’il y a Nouvelle Lune, ou que la Lune est Pleine, & dans le temps des Equinoxes. Nous avons veu plus haut, que la Lune n’est pas toûjours plus proche de la Terre, dans les Conjonctions & Oppositions, comme Descartes, & Rohault l’ont supposé.

La Grange, Traité des éléments et des météores, contre les nouveaux philosophes Descartes, Rohault, Gassendi, le P. Maignan, etc. Vve Josse, F. Muguet, Paris,1679, p. 415-417.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96132539/f425

Madame de Sévigné, Correspondance (1689)

Au mois d’octobre 1661, la marquise de Sévigné se rend au Mont Saint-Michel avec sa fille, Françoise Marguerite, la future Madame de Grignan, qui n’a alors que quinze ans. De 1661 à 1689, elle séjourne à de multiples reprises à Vitré, au château des Rochers, autrement dit à une distance de « quinze à dix-huit lieues » du Mont. Il n’en faut pas moins attendre qu’elle ait plus de soixante-trois ans et la date du 9 mai 1689 pour que soit enfin évoqué dans sa correspondance le Mont.

Nous arrivâmes hier ici, ma chère Comtesse, assez fatiguées, et les équipages encore plus. C’est ce même lieu où je vins voir M. et Mme de Chaulnes, il y a quatre ans. Nous sommes venues de Caen, en deux jours, à Avranches ; nous avons trouvé le bon évêque de cette ville mort et enterré depuis huit jours. C’était l’oncle de Tessé, un saint évêque, qui avait si peur de mourir hors de son diocèse que pour éviter ce malheur, il n’en sortait point du tout ; il y en a d’autres qu’il faudrait que la mort tirât bien juste pour les y attraper. Nous avons trouvé tous ses gens en pleurs. L’ombre de ce bon évêque n’a pas laissé de nous donner un très bon souper et de nous loger. Je voyais de ma chambre la mer et le mont Saint-Michel, ce mont si orgueilleux, que vous avez vu si fier et qui vous a vue si belle. Je me suis souvenue avec tendresse de ce voyage. Nous dînâmes à Pontorson, vous en souvient-il ? Nous avons été sur le rivage longtemps à toujours voir ce mont, < et moi à songer toujours à ma chère fille. > Enfin nous arrivâmes ici, où je défie la mort d’attraper l’évêque. Nous y avons trouvé un garde de M. de Chaulnes, qui est occupé à recevoir toutes ces troupes qui viennent de tous côtés. C’est une chose pitoyable que l’étonnement et la douleur des Bretons, qui n’en avaient point vu depuis les guerres du comte de Montfort et du comte de Blois. Ce sont des larmes et des désolations. Nous nous reposons aujourd’hui.
Mon fils est à Rennes avec sa femme. Je logerai chez la bonne Marbeuf, quoiqu’elle ne soit pas trop bien avec ce duc et cette duchesse parce qu’elle est toute dévouée à M. de Pontchartrain, mais il faut souffrir ce petit chagrin. J’irai toujours mon chemin ; je ne suis mal avec personne. […]»

Madame de Sévigné, « 1107. A Madame de Grignan, A Dol, ce lundi 9 mai [1689] », Correspondance de Madame de Sévigné, t. 3, Gallimard, « La Pléiade », Paris, 1972, p. 593.

Jean Mabillon, Traité des études monastiques (1691)

Bénédictin mauriste, père de la diplomatique (science qui étudie l’authenticité des documents et chartes), Jean Mabillon fut choisi par sa congrégation religieuse pour répondre à Rancé, le fondateur des Trappistes, qui estimait que dans les monastères silence et occupations manuelles devaient supplanter études et travaux intellectuels. Dans sa réponse, le Traité des études monastiques, Mabillon s’appuya entre autres sur le haut-lieu intellectuel normand que fut le Mont. Pierre-Daniel Huet apprécia : « Je suis ravi que vous aiez entrepris de désabuser ceux à qui on a voulu persuader, depuis quelques années, que l’ignorance est une qualité nécessaire à un bon religieux. »

On ne doit pas omettre en cet endroit le celebre monastere du Bec en Normandie, fondé par le saint abbé Herluin, duquel sont sortis tant de religieux éminents en piété & en doctrine, tels qu’un Lanfranc, tels qu’un S. Anselme, tous deux depuis archevesques de Cantorbery, lesquels n’ont pas eu moins de soin de cultiver dans leur monastere les lettres que la vertu, dont ils estimoient qu’elles estoient l’appuy & le soûtien.
Cette mesme discipline se répandit dans les autres monasteres de Normandie, sur tout à S. Estienne de Caën sous Lanfranc, à S. Evroul, au Mont Saint Michel, à Fescan, à Troarne, à la Croix Saint Leufroy : & ce fut dans ces deux derniers que furent élevez Durand & Guimond, qui ont si bien écrit touchant le tres-saint sacrement de l’Eucharistie contre Berenger, d’où il paroist qu’on enseignoit mesme les belles lettres dans tous ces monasteres. Cela se justifie par une epistre que S. Anselme a écrite à Maurice son disciple & religieux, auquel il conseille de lire Virgile & les auteurs profanes, exceptez ceux ou il se trouvoit des endroits contraires à la pureté & à l’honnesteté. Tant ces grands hommes estoient persuadez, que les études mesme des belles lettres estoient avantageuses aux religieux.

J. Mabillon, Traité des études monastiques,
Chez Charles Robustel, Paris, 1691, p. 60-61.

https://books.google.fr/books?id=3rY1AAAAQAAJ&pg=PA61

Pierre Thomas Sieur du Fossé, Mémoires (1691)

Janséniste, prisonnier et exilé à cause de ses idées religieuses, Pierre Thomas « Maître des Comptes de Roüen, qui fut emploïé en plusieurs Négociations, & contribua beaucoup par ses soins à la reduction de Roüen & des autres Places de Normandie, à l’obéïssance du Roi Henri IV […], a passé sa vie dans la retraite, a travaillé utilement pour l’Eglise, sans avoir jamais voulu recevoir aucun Ordre ni Benefice. Le public lui est redevable de la continuation des Commentaires sur la Bible, commencez par M. de Sacy ; de la vie de S. Thomas de Cantorbery, ausquelles il n’a pas voulu mettre son nom par modestie. Il a aussi écrit les Vies des Saints du mois de Janvier & de Février. Il mourut à Paris le 14 Novembre 1698, âgé de 63 ans » non sans avoir écrit des Mémoires remarquées et appréciées par Sainte-Beuve. Il y évoque le Mont et laisse percevoir une vision du monde très janséniste : une nature dramatique et dangereuse, des hommes qui périssent s’ils laissent la bride à leurs sentiments, l’obligation d’être extrêmement prudent, mesuré, et de suivre la voie de la raison, un Deus absconditus qui se sert des événements pour donner des leçons morales…
https://books.google.fr/books?id=hxZcAAAAcAAJ&pg=RA1-PA258

La ville d’Auranches n’a rien que de tres champestre et elle sent presque plutost son grand village qu’une vielle épiscopale (1). Ce qu’il y a de charmant est la situation pour la beauté de la veuë. Car je ne sçay si, dans tout le reste du monde, il y a un point de veuë qui puisse estre comparé à celuy que l’on découure de diuers endroits de la ville, surtout du jardin des Capucins, de la place qui est deuant le grand portail de l’Eglise cathedrale (2) et du doyenné. On ne peut assurément se rien figurer qui égale ce que la nature y presente aux yeux. On voit d’un costé une vallée partagée par diuers villages, accompagnez de tres beaux plants, qui semblent former à la veuë comme autant de parterres differens. On voit deuant soy comme une autre sorte de parterre d’eau formé par diuers courans de la mer, qui serpente en mille endroits d’une maniere qui charme la veuë. On voit encore, d’un autre costé, c’est-à-dire sur la gauche, une vaste étenduë de mer, et le mont Saint Michel, éleué en rocher tout au milieu, auec un autre rocher à costé, nommé Tombelleyne (3), où il y auoit, à ce qu’on nous dit, une grande quantité d’excellens lapins. […] Ayant pris jour pour aller à Saint Michel (4), nous nous assurâmes d’un bon guide, qui est necessaire absolument pour marquer la routte qu’on doit tenir dans le trajet de grèue qu’il faut passer, et pour ne se pas tromper dans le temps auquel on doit partir, afin de n’estre pas surpris dans la grèue par le retour de la mer. Car, quoyque le mont Saint Michel ne paroisse pas éloigné d’Auranches, à cause de sa grande éleuation, il ne laisse pas d’y auoir deux à trois lieuës (5) de grèue à passer, et d’une grèue assez dangereuse, à cause des courans d’eau que l’on rencontre en chemin, et de plusieurs veines de sable mouuans, où l’on enfonce aisément, pour peu que l’on s’y arrête, et où l’on seroit enseuely, si l’on n’auoit soin de les éuiter ou de s’en tirer tres légèrement (6). Autrefois le Mont Saint Michel étoit au milieu de la terre ferme et enuironné de bois. Mais, comme ce terrain est fort plat, la mer l’a gagné peu à peu&nbsp;; et, par suitte de son flux et de son reflux, elle l’environne et le laisse à sec, deux fois tous les jours. Aussy c’est une tradition constante, dans le païs, qu’un homme, ayant entrepris le voyage d’outre mer et employé beaucoup d’années dans ce voyage, fut bien étonné, à son retour, lorsqu’il ne trouua plus son bien où il l’auoit laissé en partant, mais qu’il n’y vit plus qu’une vaste étenduë de mer ou de grèue. (7) Nous partîmes donc en carrosse, auec M. du Limon, et un valet de chambre à cheual, et notre guide à pied, qui marchoit beaucoup deuant, pour nous marquer exactement la routte qu’il nous falloit suiure. Et nous trouuâmes d’abord une riuiere à traverser (8), qui nous fit peur, à cause que, la mer n’étant pas encore entièrement reitrée, les eaux de cette riuiere étoient fort grosses. Nous hesitâmes, pendant quelque temps, si nous nous y engagerions, à cause de la profondeur de l’eau. Mais nostre guide nous appelant et nos caualliers, qui marchoient deuant, nous ayant un peu rassurez, nous entrâmes dans la riuiere dont l’eau montoit presque jusqu’aux portieres. Ce ne fut pas là cependant où nous eûmes la plus grande peur. Ce fut dans la suitte, lorsque nous trouuant au milieu des grèues nous voyions nos cheuaux y enfoncer près d’un pied auant, et les sables se remuer à sept ou huit pieds du carrosse, de chaque costé, à mesure que nous passions&nbsp;; en sorte que nous croyions à toute heure aller abymer. Et, comme on nous auoit dit qu’il falloit sur toutes choses ne pas s’arréter, mais aller legerement, le cocher poussoit ses cheuaux pour les faire aller le trot dans ces sables mouuans&nbsp;; ce qui les mettoit tout en nage, à cause du grand trauail, et nous donna lieu de craindre qu’ils ne creuassent, étant tout à fait outrez. Nous auions beau appeller le guide. Il ne nous répondoit point et se contentoit, en courant, de nous marquer qu’il falloit aussy faire diligence. Enfin, lorsque nos cheuuaux n’en pouuoient plus et que l’eau de la sueur dégouttoit de tout leur corps comme l’eau d’un toict, lorsqu’il pleut à verse, nous vîmes nostre guide prendre tout court un peu sur la gauche, s’arréter là sur une espece de petite éleuation, et, se retournant vers nous, nous faire signe que nous allassions à luy. Nous nous y rendimes le plus promptement que nous pûmes, et nous y trouuâmes en effet le terrain le plus ferme. Nous y donnâmes le loisir à nos cheuuaux de reprendre haleyne et de ressuyer un peu leur sueur. Et ensuitte nous recommençâmes à marcher après nostre guide, qui nous assura que le plus fâcheux étoit fait. Nous arriuâmes ainsy à la porte de la ville (9) auec grande joye de nous voir hors de peril, et tres résolus de retourner par un autre endroit où il y auroit moins de danger (10). J’ajouteray seulement icy, auant que de passer outre, qu’à nostre insceû un de nos laquais, à qui le coher auoit reproché plusieurs fois d’auoir perdu, à Pontorson, une lunette d’approche qu’il luy auoit prêtée, demanda à nostre guide s’il auroit bien le loisir d’aller encore à Pontorson et d’en reuenir, auant le retour de la mer. A quoy le guyde luy dit qu’il le pourroit faire, pourueu qu’il fist grande diligence, et luy promit même de se tenir à la porte de la ville et de luy faire signe de loin, auec la main, s’il y auoit du peril, quand il reuiendroit. Sur cette parole, le laquais se mit en chemin pour trauerser jusqu’à Pontorson, c’est-à-dire jusqu’à trois quarts de lieuë de là. Et, ayant heureusement retrouué ce qu’il cherchoit, il reuint auec la même diligence qu’il étoit allé. Il s’exposa neantmoins terriblement pour un pour un rien, puisque, s’il auoit tradé seulement un ou deux miserere, il se seroit veû enveloppé de la mer, qui vient fondre tout d’un coup en cet endroit et coupper le chemin, lorsque l’on se croit sauué. Nous l’en reprîmes tres fortement, quand nous le sceûmes, en luy faisant voir la faute qu’il auoit faitte de commettre ainsy sa vie pour une bagatelle, sans nous en parler. Il en fut quitte pour la peur et pour la fatigue. La ville de Saint Michel est tres peu de chose. Elle est nantmoins toute enuironnée de murs, accompagnez de plusieurs tours (11), mais assez ruinez par les coups de mer dont ils sont battus sans cesse (12). Toutes les maisons consistent presque en hostelleries et en boutiques de marchands de coquillages, de rubens, de chapellets et de medailles de plomb. Mais l’abbaye peut estre justement considerée comme une des merueilles du monde. C’est le commandant de Hautefeuille (13) qui, en qualité d’abbé, est gouuerneur, pour le Roy, du Mont Saint Michel. Mais, comme il n’y est presque jamais, c’est le prieur qui commande, en son absence, et qui a toute l’authorité de lieutenant de Roy. Ce sont les bourgeois qui gardent la ville et l’abbaye, laquelle est tres forte et accompagnée de tout ce qui peut la deffendre. Car il y a huit ou dix couleuurines, pointées par dehors, et qui donnent dans cette porte&nbsp;; en sorte que, si par malheur il arriuoit quelque surprise et que les ennemis y fussent entrez, on les réduiroit en poudre, dans l’instant même, par le moyen de ces couleuurines, dont l’embouchure donne en ce lieu et fait peur à ceux qui passent. Quant au corps de l’abbaye, il suffit de dire, pour en donner tout d’abord une juste idée, que M. de Vauban, grand ingenieur de France, y étant venu quelques mois auparauant, fut tres longtemps à en regarder auec étonnement tous les dedans et tous les dehors&nbsp;; et qu’après auoir obserué exactement cette masse de bâtimens monstrueux, éleuez sur ce haut rocher, qu’il ne pouuoit se lasser d’admirer, il dit à la fin que cet ouurage lui paroissoit un chez d’oeuure, et l’ouurage le plus hardy et le plus acheué qui fust peut estre dans tout le monde. Il faut en effet se figurer, sur la pointe d’un rocher, une grande église fort exaucée, et tres bien proportionnée pour la nef et pour le chœur&nbsp;; et tout ce qu’on peut desirer dans une abbaye pour le logement et pour tous les lieux clostraux&nbsp;; c’est-à-dire, un grand dortoir, un tres beau refectoir, une bibliotheque, un cloistre, dont les piliers sont d’une matiere rare et d’un ouurage merueilleux, et deux ou trois grandes salles, dont il y en a une surtout tres spacieuse et voûtée comme une église, qu’on appelle la salle de Saint Michel, parceque l’on y faisoit autrefois les cheualiers de Saint Michel (14). Et ce qu’il y a encore de remarquable, c’es que l’église est toute entiere soutenuë sur une voute (15), que nous vismes auec admiration, comme une autre espece de chef d’oeuure de l’art de l’homme, et où le P. Prieur des Benedictins (16) nous donna le lendemain à déjeûner&nbsp;; n’y ayant que cet endroit du dedans de l’abbaye où ma belle sœur pust entrer. Cette voute si prodigieuse, qui soutient une telle masse, est soutenuë elle même en dedans par des pilliers qui font peur à voir. Mais on montre, dans une chapelle de l’église, un ouurage de la dernière delicatesse, qui est une representation si parfaitte de tout le Mont Saint Michel qu’il n’y manque pas le moindre angle qui n’y soit tres bien exprimé. Il y a, au haut du rocher, un endroit où étoit pour lors enfermé, par l’ordre de Sa Majesté, un certain autheur de la gazette d’Hollande (17) qui disoit toujours mille impertinences contre le Roy et contre l’Etat, et qu’on trouua le moyen de faire arrêter, lorsque ‘il s’en doutoit le moins, étant François d’origine et ayant voulu reuenir en France voir son païs, en la compagnie d’un autre François, qui l’y engagea adroittement pour le faire prendre (18). Il étoit là resserré de telle sorte qu’il y auoit ordre de ne le laisser parler à personne, et que le Prieur étoit chargé de sa garde en son propre et priué nom (19). Ce fut luy même qui nous en parla et qui nous montra l’endroit où il étoit enfermé (20). Le même Prieur nous fit voir aussy les cabestrans dont on se sert pour monter avec de gros cables toutes les prouisions des Religieux, que les bœufs amènent dans des charettes sur la grèue jusques au pied du rocher, et à l’endroit le plus escarpé, d’où on les éleue en droitte ligne jusques au haut de l’abbaye. Cela fait peur à regarder, à cause de l’exaucement si prodigieux de cet endroit du rocher tout escarpé. Et, comme Dieu est admirable dans ses ouurages, il a fait naistre, sur le haut de ce roc même, tout au milieu de la mer, une fontaine d’une eau admirable, qu’on y regarde auec raison comme un thresor, et dont les Religieux enuoyent quelques cruches, par present, aux personnes de leur connoissance. Car, quoy qu’il y en ait encore une autre au pied du rocher, comme elle est comblée, deux fois tous les jours, par le reflux de la mer, l’eau en est moins bonne. (21) Lorsque nous eûmes tout veû, et le jardin même, qui est une espece de petite promenade menagée au pied de tous ces grans bâtimens, où l’on a trouué le moyen de planter aussy quelques arbres, et que l’on appelle à cause de cela La merueille (22)&nbsp;; et après que nous fûmes rassasiez, en quelque sorte, de contempler la vaste étenduë de la mer, du haut de la place qui est deuant le grand portail de l’église, et qui est assurément une veuë d’où l’on ne peut presque se tirer, nous songeâmes à retourner à Auranches, dans l’entre deux des marées. Mais nous ne pûmes nous résoudre de prendre le même chemin par lequel nous étions venus, tant à cause du péril où nous nous étions veûs que des histoires qu’on nous raconta, qui ne seruirent pas sans doute à nous rassurer et qui méritent de trouuer place en ce lieu. Quarante personnes d’Auranches, tant hommes que femmes, firent partie d’aller ensemble au Mont Saint Michel. Et comme ils étoient du païs, ils se crurent trop habiles pour prendre un guide. Ils allerent en effet fort bien et y arriuerent heureusement. Mais le retour ne fut pas semblable. On leur dit, lorsqu’ils en sortirent, de ne perdre point de vuë un certain signal qu’on leur donna, du costé d’Auranches, et d’y aller le plus droit qu’ils le pourroient. Ils marcherent effectiuement, près d’une heure, en suiuant exactement la route qu’on leur auoit marquée. Mais, s’étant ensuitte éleué un brouillard épais, ils perdirent tout d’un coup de veuë leur signal, et, au lieu qu’ils crurent aller toujours droit vers Auranches, ils se détournerent insensiblement sur la gauche et prirent malheureusement leur route vers la mer même. Plus ils se hâtoient, dans la crainte du retour de la marée, plus ils couroient à leur perte. Et comme au bout de quelque temps ils commencerent à entendre le sifflement des vagues qui rouloient sur le riuage, ne sçachant plus quel conseil prendre ni quel chemin suiure, ils se jettoient et couroient de tous costez, comme des gens qui se croyent perdus. Cependant le flot les gagna bientost et les renuersa la pluspart. Un d’entr’eux, plus fort que les autres et plus intrepide que ses camarades, résolut de faire tous ses efforts pour se sauuer auec sa femme. Et, tandis que tous les autres furent enseuelis dans les flots, il eut la force de marcher et de nager, ayant pris sa femme sur ses épaules. Mais cette pauure femme, voyant bien que son mary n’en pouuoit plus et qu’ils periroient également tous deux, s’il continuoit à la porter, au lieu qu’il pourroit encore se sauuver seul, le conjura de l’abandonner et de ménager pour luy même le peu de forces qui luy restoient. Il le fit donc, quoy qu’auec un extrême regret, et par la pure impuissance où il se vit d’executer ce qu’il auoit résolu. Et alors, n’ayant plus que soy à sauuer, il eut encore la force de gagner un roc, sur lequel il se mit en sureté. Ainsy, des quarante personnes de qui j’ay parlé, il n’y eut que celuy là seul qui ne périt point&nbsp;; Dieu ayant voulu peut estre récompenser cette grande charité qui le porta à s’exposer si visiblement pour sauuer celle que Dieu lui-même luy auoit donnée pour compagne. L’autre éuenement, dont j’ay promis de parler, ne regardoit qu’un seul homme, mais n’étoit pas moins tragique. Un Religieux de l’abbaye même étant obligé d’aller jusqu’à Saint Malo, on luy donna le mûnier de la maison pour guide, parcequ’il voulut prendre le chemin de la grèue, qui n’est pas si sûr que celuy des terres, mais qui est beaucoup plus court. Son guide luy recommanda extrêmement de suiure la route qu’il luy marqueroit, et de ne se point écarter à droit ni à gauche, à cause des lizes qui sont fort frequentes dans ce chemin, surtout dans la trauerse de quelques courans d’eau que l’on rencontre. Ils appellent lize (23) un sable mouuant, qui fond tout d’un coup souz les pieds, et où l’on se trouue enseuely par les efforts mêmes que l’on fait pour s’en tirer. Cependant le Benedictin, se fiant un peu trop sur la bonté de son cheual, n’obserua pas exactement ce que son guide luy auoit dit, et s’écarta tant soit peu de la vraye routte, en un endroit périlleux. Et, sur ce que son guide fidelle luy cria de ne se point écarter, il luy répondit que son cheual étoit bon et qu’il auoit rien à craindre. Mais, dans le temps même qu’il parloit ainsy, il se trouua engagé dans une lize&nbsp;; et, son cheual, qui étoit bon en effet, ayant fait dans ce moment un grand effort, il tomba luy même et commença à enfoncer. Le guide accourut, et, s’en approchant autant que le terrain le luy put permettre, il luy tendit son baston, afin qu’il le prist dans l’esperance qu’il auoit de le pouvoir attirer à luy. Mais il s’en fallut enuiron un pied qu’il ne pust atteidnre au baston&nbsp;: et, voyant bien qu’il falloit perir, il jetta sa bourse au guide et luy dit de le recommander aux prières de tous les Religieux, en leur racontant le malheur qu’il reconnoissoit luy estre arriué par sa faute. Comme la mer étoit sur le point de reuenir, le guide se vit obligé de laisser ainsy périr ce pauure Religieux, qui fut bientost enseuely dans le sable et souz les flots. Et pour luy, il se sauua le plus promptement qu’il put, auec le cheual, qui, ayant laissé son cauallier dans la lize, s’en étoit luy même tiré vigoureusement. Ces éuenemens si tragiques nous apprirent plus que jamais la necessité d’auoir en toutes choses un bon guide, et de le suiure fidellement&nbsp;; et le grand péril où l’on s’expose soit lorsqu’on a une présomptueuse confiance de pouuoir bien s’en passer, ou lorsqu’en ayant un bon on neglige quelquefois de suiure ses traces et d’embrasser ses conseils. Mais, quand on a même un tres bon guide, il est toujours auantageux de prendre la voye la plus sure et d’auoir encore plus de crainte du péril que de confiance dans le conseil de celuy sur qui on s’appuye. C’est neantmoins ce qu’on manque trop souuent de suiure dans la morale. Mais c’est le party que des éuenements si funestes nous obligerent de prendre alors, pour ne pas nous exposer une seconde fois, quoy qu’auec un si bon guide, à trauerser une gréue qui nous paroissoit si dangereuse. Nous prîmes donc le chemin de Pontorson, qui n’est comme je l’ay dit, qu’à trois quarts de lieuë du Mont Saint Michel&nbsp;; et nous trouuâmes le terrain de cette gréue sans comparaison plus ferme que celuy de l’autre que nous quittâmes. Nous eûmes aussy l’auantage de voir, en chemin, les petites salines qui sont le long de la mer (24). Ce sont de petites maisons ou cabanes, dans lesquelles on travaille à faire du sel blanc. Je les appelle petites salines, pour les distinguer des grandes, qui sont vers la Saintonge et où le sel se fait d’une maniere toute differente. Car, dans les petites salines, dont je parle icy, l’on amasse par monceaux le sable qui est imbibé de l’eau de la mer, et de ce sable, que l’on fait bouillir (25), l’on tire un sel blanc dont il se fait un grand débit dans tout le païs. Mais il arriue quelquefois d’etranges renuersemens par la violence de la mer. Car cet élement furieux penetrant ces sables mouuans jusques au fonds des entrailles de la terre, les transporte tout d’un coup d’un lieu en un autre, et, comblant le lict d’une riuiere qui coule de l’autre costé de son riuage (26), fait au contraire couler la même riuiere le long du riuage où sont les salines, dont j’ay parlé, qui là deuiennent absolument inutiles. C’est la raison pour laquelle on ne bâtit que des cabanes, où il y a tres peu à risquer&nbsp;; afin que, lorsque la mer vient à causer ces étranges bouleuersemens, on fasse une moindre perte. Nous remarquâmes aussy que, le long du riuage de la mer, il croist une herbe, qui est comme du serpolet, aux endroits où l’eau ne vient que dans le temps des grandes marées, c’est-à-dire au mois de mars et de septembre. Et c’est cette herbe que mangent auec grande auidité les moutons, et qui leur donne un goust si exquis que l’on quitteroit les perdrix et les faisans pour en manger, tant la viande en paroist delicieuse.

Il n’est question que de l’ancienne ville. La nouvelle en a fait une ville de dix mille âmes, avec une sous-préfecture en plus, et un évéché en moins.
L’ancienne église épiscopale de Saint-André, aujourd’hui détruite. – Le panorama mérite toujours les mêmes éloges.
Plus ordinairement Tombelaine. – Ilot granitique, à 3 kilomètres environ, au Nord du Mont-Saint-Michel.
Au Mont-Saint-Michel.
Son élévation est de 130 mètres environ au-dessus des sables, et 12 kilomètres le séparent d’Avranches.
Les grèves molles, qui en barrent l’entrée, sont surtout formées par le Coisnon, qui se jette dans ce côté de la baie de Cancale. De là le nom bien juste de « Saint-Michel au péril de la mer. »
Le rocher fut séparé du continent par une tempête. Jusque là il avait été entouré par la forêt de Scissy ou Sciscy, que la mer envahit en 709.
La Sée ou Celune.
« La premiere porte de la ville qui est fermée d’une grille de fer, laquelle ne s’ouvre que pour les carrosses et les autres voitures. Les gens de pied et de cheval entrent par une autre petite porte ronde qui est à côté, attenant le premier corps de garde, où les voyageurs laissent les armes à feu, l’épée et leurs bâtons ferrez. » Piganiol de la Force, ibid., t. V, p. 97. Il n’y a que cette ouverture pratiquée dans les remparts : la porte s’appelle Bavolle.
Aujourd’hui la route des voitures est surtout par Courtils et Pontorson.
Une douzaine de tours, dont on peut lire les noms dans les différentes Notices ou Histoires du Mont-Saint-Michel.
Dans les Plans et Profils des principales villes de la province de Normandie, par Nicolas Tassin, en 1638, une tour du premier plan est en ruines. Voir la planche 23 : Le Mont St Michel.
 C’était une abbaye de Bénédictins, de la congrégation de Saint-Maur. – Etienne Texier de Hautefeuille, chevalier de Malte, etc., nommé par le roi abbé du Mont-Saint-Michel, le 14 août 1670, en avait pris possession le 12 septembre suivant. Gallia Christiana, t. XI, p. 532. – Comme il vécut longtemps, le nombre des Prieurs, nommé tous les trois ans, est assez considérable. On peut en voir les noms, avec les dates, dans l’Histoire du Mont-Saint-Michel de M. Fulgence Girard.
Les Mémoires de Foucault, intendant de la généralité de Caen, ne parlent pas de cette visite de 1691. Mais on y lit : « le 15 avril (1689), M. de Vauban est venu par ordre du roi en Basse Normandie pour visiter les ouvrages des côtes. Je lui ai fait voir le château de Caen et le tour des murailles de la ville, qu’il a trouvées en mauvais état. C’étoit un véritable Romain aymant la patrie. C’est le premier homme que nous ayons eu pour les fortifications et l’architecture militaire. » Edition de M. F. Baudry, p. 250, dans la Collection des Documents inédits sur l’Histoire de France.
« La salle qui se trouve sur le cellier est l’ancien chapitre des moines du Mont… En 1469 ils cédèrent cette admirable salle aux chevaliers de Saint Michel, qui en firent, à leur tour, leur salle de conférence. » M. Le Héricher, Histoire du Mont Saint Michel. – Aussi le nom le plus habituel est-il : « Salle des chevaliers. » Elle est du XIIe siècle.
L’Eglise fait partie de la troisième zone de constructions qui se superpose aux deux premières. « Le cloître est de plain-pied avec l’église et les dortoirs des religieux situés au dessus du réfectoire. » Id., ibid.
Dom Henry Fermelys, nommé en 1690, et remplacé en 1693, les fonctions de prieur étant triennales.
« Il n’y eut jamais de journal portant le titre de Gazette de Hollande, et il n’en est point à qui on puisse le donner par préférences aux autres. Chacune des villes principales des Provinces-Unies eut sa gazette française portant généralement son nom, fictivement du moins, quand ce n’était pas réellement ; ainsi il y à : la Gazette d’Amsterdam, la Gazette de Leyde, la Gazette d’Utrecht, la Gazette de la Haye et la Gazette de Rotterdam. » Voir Les Gazettes de Hollande, par Eugène Hatin, p. 228.
« Le nommé Chauvigny, dit la Bretonnière… Ce fut Alvarès « qui le fit prendre en Hollande. » Mémoires de Foucault, p. 327. – Le journal qu’il rédigeait n’était pas une Gazette, mais un Lardon. Voir l’Appendice I.
Quinze ans plus tard, un autre prieur recevra l’ordre de garder étroitement un autre prisonnier, Avedick, dont nous parlerons bientôt, « sans permettre qu’il eût communication avec qui que ce soit, « de vive voix ny par écrit. » Lettre de Louis XIV au prieur du Mont-Saint-Michel, du 10 novembre 1706, Correspondance administrative sous le règne de Louis XIV, par M. Depping, t. IV, p. 204 et 205.
Pour la description du lieu, voir l’Appendice I.
La fontaine est au bas du rocher, et c’est une citerne qui en occupe le sommet. « Si l’on continue à faire le tour des fortifications, on trouve à la base d’un tourillon, une fontaine dite Sainte-Aubert, qui, d’après la tradition, jaillit sous le bâton de l’évêque de ce nom… Audessous du transept du N. de l’Eglise s’ouvre la grande citerne, qui contient 1200 tonneaux d’eau et que signale extérieurement une tête de lion » Guides-Joanne, Normandie, pp. 557 et 562.
« La Merveille, vaste muraille de plus de 75 mètres de longueur, sur 33 mètr. de hauteur, flanquée de 20 contre-forts, percée de baies variées, et construite au commencement du XIIe siècle par l’abbé Roger II, est d’une hardiesse extraordinaire. » Id., ibid., p. 557.
Ce mot, tout local, que ne donnent point les anciens Dictionnaires, vient de prendre sa place dans celui de M. Littré, aussi bien qu’Enlizer, dans le sens qu’il a ici.
Aujourd’hui encore, le village de « Céaux possède trente-cinq vastes salines dont quatre sont exploitées. C’est dans ces salines que fut complotée la célèbre révolte des Nu-pieds que Richelieu eut tant de peine à comprimer. » Guides-Joannes, Normandie, p. 554.
De ce sable dessalé on fait des monceaux qui prennent le nom de Mondrins.
Le Couesnon.

Pierre Thomas, Mémoires, tome 4,
Ch. Métérie, Libraire de la société de l’histoire de Normandie, Rouen, 1879, p. 75-89.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6494023w/f89

Bayle, Dictionaire historique et critique, 1697

« Le Dictionnaire historique et critique de Pierre Bayle a marqué son époque en raison du travail titanesque de Pierre Bayle pour corriger les erreurs historiques contenues dans les précédents dictionnaires d’envergure qui furent publiés au XVIIe siècle. […] Le travail historiographique de Pierre Bayle prend la forme d’une mise en page complexe, où se déploie l’érudition et le travail de critique de Bayle. Le texte principal est souvent composé d’une ou deux lignes en haut de la page, prenant toute la largeur de la page. En dessous de ce texte principal, en deux colonnes, se trouvent ce que Bayle appelle des « Remarques », qui sont en réalité le cœur même du Dictionnaire, là où il y a le plus à lire. » Le dictionnaire de Bayle est souvent considéré comme précurseur du mouvement des Lumières tant l’auteur y exerce son esprit critique et y porte des coups de griffes contre tout ce qui s’oppose à la raison. Le passage suivant est de ce point de vue représentatif de l’ensemble du dictionnaire.
https://www.lesbelleslettres.com/livre/508-dictionnaire-historique-et-critique

PHASELIS, ville maritime dans la Lycie sur les confins de la Pamphylie. Ce fut l’une des villes qui s’enrichirent le plus des pirateries des Ciliciens : c’est pour cela qu’elle fut ruinée par Publius Servilius, après les victoires qu’il remporta sur ces Corsaires. Elle étoit dans un pitoyable état, lors que Pompée y aborda après la bataille de Pharsale. On assure qu’elle fut batie par Mopsus. On a fort parlé de cette ville à l’occasion d’une grâce (B) miraculeuse que l’on pretendoit qu’Alexandre y avoit reçuë des Dieux. Je ferai sur ce sujet une remarque comme je m’y suis engagé.

B. Commençons par citer Josephe, qui ayant décrit le passage de la mer rouge se sert de cette remarque : Nul ne se doit esmerveiller de cecy comme de choses incroyables […] veu qu’il n’y a pas fort long temps, que la mer de Pamphylie a fait ouverture aux Macedoniens sous la conduite d’Alexandre le Grand, qui n’avoient point d’autre chemin pour passer : puisque Dieu avoit deliberé de se servir d’Alexandre & de ses gens pour destruire le Royaume de Perse : dequoy tous ceux qui ont redigé par escrits les faits de ce Roy, rendent tesmoignage. Mais je laisse à un chacun sa liberté d’en penser ce que bon luy semblera. Il n’est pas vrai que tous les Historiens d’Alexandre ayent traité de miracle la manière dont il passa le detroit de Pamphylie auprès de Phaselis. Nous allons citer un grand Auteur, qui fait clairement conoître qu’il n’arriva rien de miraculeux en cette rencontre […] On doit savoir gré à Plutarque d’avoir fait mention de lettres de ce Conquerant, car elles décident tout ; elles convainquent d’imposture, ou de mensonge tous ceux qui ont décrit ce passage comme quelque chose de surnaturel, & comme un miracle insigne. S’il y eût eu là quelque prodige, & quelque faveur extraordinaire d’Enhaut, Alexandre n’eût pas manqué d’en faire mention dans les lettres qu’il écrivit, touchant cette marche de son armée. Aucune raison de politique ne l’engageoit à se taire sur un évenement si admirable, & plusieurs motifs importans le poussoient à en parler. […] On ne sauroit donc deviner de bonnes raisons qui eussent pu determiner Alexandre à suprimer le miracle dont il s’agit : il faut donc conclure que s’il n’en fit point de mention dans les lettres qu’il écrivit concernant sa marche, ce fut à cause qu’il ne s’y étoit rien passé d’extraordinaire.
[…] il n’est pas mal-aisé en consultant un habile Geographe, de se faire une juste idée de cette avanture. Strabon nous dit que le mont Climax est si proche de la mer de Pamphylie, qu’il n’en est separé que par un petit chemin que l’on peut passer à pied, quand cette mer est tranquille, mais qui est tout couvert d’eau quand cette mer est agitée. Alexandre plein de confiance en sa fortune, donna ordre que son armée passât par cet endroit-là, sans attendre la belle saison qui eût fait écouler les eaux. Les soldats passerent ayant de l’eau jusques au nombril : voilà tout le miracle. […] D’autres disent que les vens de Midi qui avoient souflé plusieurs jours, & qui avoient inondé tout le chemin jusqu’au pied de la montagne, cesserent dès qu’Alexandre parut, & qu’il s’éleva un vent de Nord qui chassa les eaux vers le rivage. […] Josephe n’a guere de jugement, lors qu’il compare le passage de la mer rouge avec celui de la mer de Pamphylie. Il a esperé que le miracle d’Alexandre persuaderoit aux Grecs celui de Moïse ; mais il devoit craindre qu’on n’attribuât à des raisons naturelles le passage de la mer rouge, comme celui de la mer de Pamphylie est attribué aux vens de Nord. Si Genebrard s’étoit servi d’une injure moins atroce il ne faudroit pas blâmer la remarque qu’il a faite sur ces paroles de Josephe, Les Egyptiens furent frustrez de leur attente, ne saçhans qu’une telle ouverture & voye n’estoit pas faite pour tous, ains pour les Hebrieux seulement qui s’enfuyoient pour se sauver, & non pour les ennemis qui les poursuivoient en deliberation de les ruiner & saccager. Voici sa note. « D’ici tu peux cognoistre combien est execrable l’impieté de Joachim Vadian, qui a osé escrire en ses commentaires sur Mela que Moyse attendit l’opportunité du temps auquel la mer rouge devoir monter en l’Ocean & laisser le fond sec, comme advient deux fois le jour au mont de S. Michel en Normandie. Car outre ce que Dieu a voulu monstrer sa puissance en cecy, la mer rouge par flux & reflux ou par descendant & montant, ne laisse jamais son auge, estant tousiours pleine & couverte d’eaux de fond en comble, comme il est certain par les Geographies & cartes marines ». Josephe devoit s’abstenir d’autant plus soigneusement de son parallele, qu’il y avoit lieu d’aprehender que les Philosophes Grecs ne se prevalussent de ce que l’histoire sainte remarque, que Dieu fit reculer la mer toute la nuict par un vent fort violent. Voilà donc, pouvoient-ils dire, deux miracles qui se ressemblent, & qui sont tous deux l’ouvrage du vent. Il se leva pour Alexandre un vent de Nord qui fit retirer dans son lit les eaux de la mer : un autre vent fit pour Moïse la même chose. […]

Pierre Bayle, Dictionaire historique et critique, tome 4, R. Leers, Rotterdam, 1697, p. 813-815.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1512100m/f111