Les bons comptes font les bons…
… administrateurs. Telle est la conclusion du dernier rapport de la cour des… comptes. La Presse nationale a évoqué à plusieurs reprises ce rapport mais rien ne vaut l’original. Alors feuilletons-le.
D’abord quelques chiffres
. 108 ha de fonds à caractère maritime ont été reconquis dans un rayon d’un km autour du Mont.
2023
. 705 000 véhicules stationnés.
. 53 000 voyageurs sur la navette gare de Pontorson-Mont Saint-Michel.
. Recettes : près de 11M€ pour les parkings et les navettes (EPIC) et 16M€ pour la billetterie de l’abbaye (CMN).
2024
. 2,7 millions de visiteurs au Mont.
. 1,48 millions pour l’abbaye.
. Concession parking-navettes = 58 emplois équivalents temps plein.
. Contrat d’exploitation pour le barrage = 7 emplois équivalents temps plein.
. Abbaye = 58 emplois équivalents temps plein.
. Détachements de sécurité = une quarantaine d’emplois équivalents temps plein en haute saison.
. Epic = 16 équivalents temps plein, ce qui conduit « à recourir à des mises à disposition de personnel par les collectivités territoriales contre remboursement, sources de fragilité. »
= au total près de 200 emplois directs.

Le bilan général
« L’Epic a su emprunter la voie vers l’autofinancement (71% en 2023) avec un nouveau modèle de concession pour le stationnement et les navettes qui a permis de porter le budget de 5,3 M€ (budget initial) en 2022 à 16,8 M€ (compte financier) en 2023. Sa gestion est rigoureuse. Il a assis sa légitimité et sa crédibilité. »
« L’essai, malgré des imperfections, peut être considéré comme réussi. Il faut maintenant le transformer, c’est l’enjeu des cinq prochaines années »

Pour les années à venir, un triple défi
1. Le défi de gouvernance avec un équilibre Etat-collectivités d’autant plus délicat que la région Bretagne a programmé son retrait et que le ministère de la transition écologique « dans le prolongement de la réduction de moitié de sa subvention en 2025, pourrait saisir l’occasion de la révision du décret de 2019 pour se désengager totalement ».
2. Le défi du financement : L’Epic ne peut assurer seul les presque « 30M€ d’investissements qu’exige le vieillissement des ouvrages et des équipements. La montée des charges, notamment d’entretien, le niveau de la fréquentation qui détermine les ressources propres, ainsi que la diminution des subventions réduisent considérablement sa capacité d’autofinancement. »
3. Le défi de la mutualisation : « Malgré des avancées, et des réalisations communes remarquables […], la coopération entre l’Epic et le CMN se dégrade et se transforme en cohabitation. Cette situation nuit à la construction d’une politique touristique et culturelle d’ensemble ainsi qu’à l’amélioration des recettes. Elle bloque aussi la nécessaire réduction des coûts alors que des doublons existent sur les missions de rayonnement ».
Quatre recommandations
. « Modifier le décret de 2019 pour tenir compte du retrait de la région Bretagne, en maintenant l’équilibre entre d’une part l’Etat, structuré autour des tutelles, le ministère de la culture et le ministère de la transition écologique et d’autre part les collectivités territoriales ».
. « Engager sans délais des négociations avec les autres membres du conseil d’administration de l’Etablissement sur le plan pluriannuel d’investissement 2025-2029 avec les financements correspondants ».
. « Mener une concertation sur la faisabilité juridique, technique et financière de la réhabilitation du site de La Caserne au vu des contraintes qui lui sont propres ».
. « Transformer en 2025 la convention de partenariat en délégation de gestion de l’abbaye du Mont Saint-Michel afin de garantir une gestion unifiée du site et l’absence de doublons, tout en préservant le système de péréquation propre au CMN et ses compétences en matière de conservation et de restauration ainsi que les statuts des personnels ».
Un arbitrage interministériel est attendu pour donner suite à ces recommandations, notamment celle portant sur la délégation de gestion de l’abbaye (recommandation n°4).